De "Etre ou avoir" de Nicolas Philibert en 2002 aux "Héritiers" de Marie-Castille Mention-Schaar en 2014, plusieurs long-métrages au budget modeste ont attiré des centaines de milliers de spectateurs, voire plus d'un million pour certains.
Le documentaire de Nicolas Philibert, sans doute le plus connu d'entre eux, suivait une année scolaire dans une petite école auvergnate à classe unique, d'une douzaine d'élèves, auxquels enseignait un maître proche de la retraite.
Une "histoire" voisine de celle filmée par Emilie Thérond, dans un village aux portes des Cévennes où elle a passé son enfance. Apprenant que son ancien instituteur entame sa dernière année avant la retraite, au terme de 40 ans passés dans cette école là aussi à classe unique, elle décide de saisir les derniers mois du maître face à ses élèves.
"J'ai su que je ne pouvais pas le laisser partir sans laisser une trace de tout ce qu'il m'avait donné", explique la réalisatrice de "Mon maître d'école", qui sort en salles mercredi.
Comme dans "Etre ou avoir", le film repose sur une personnalité hors du commun: un instituteur, Jean-Michel Burel, qui mêle apprentissage des disciplines et des valeurs telles que la solidarité et l'écoute des autres, et qui aime profondément son métier et les enfants.
Aujourd'hui, "les vertus de l'école sont parfois méconnues et l'actualité remet souvent en cause la façon dont les enseignants exercent leur métier, la manière dont le savoir est transmis", note Jean-Marie Vinclair, responsable du pôle régional d'éducation à l'image à la Maison de l'image de Basse-Normandie.
- "De belles histoires" -
Ces films "nous permettent d'entrer dans un espace où l'adulte, s'il n'est pas enseignant, n'a pas accès. De découvrir certes les apprentissages mais aussi les relations entre les élèves, ou entre les professeurs et les élèves, in vivo", ajoute ce spécialiste de l'image qui vient de terminer un documentaire consacré aux collégiens et au cinéma, "Le temps du regard".
"Dans notre pays, les débats sur l'école sont toujours passionnés, voire passionnels", signe de "notre attachement viscéral à l'école de la République, notamment le primaire et le collège où les tout jeunes se construisent", note Christian Chevalier, secrétaire général du syndicat d'enseignants SE-Unsa.
Le succès d'un film comme "Etre ou avoir", avec sa classe unique en milieu rural et un enseignant aux méthodes traditionnelles, s'explique en partie par "la nostalgie d'une école d'autrefois qui n'a sans doute jamais existé mais à laquelle on se raccroche lorsque les temps sont incertains", estime-t-il.
Mais "ce qui attire les cinéastes à l'école, c'est surtout son humanisme, les valeurs que les enseignants s'efforcent de transmettre et que l'on retrouve moins ailleurs. Dans cet espace clos, il se passe de grandes choses", souligne Jean-Marie Vinclair.
Pour Christian Chevalier, qu'ils se déroulent dans une école d'une vingtaine d'enfants en milieu rural ou dans un grand établissement de banlieue, ces films remportent du succès car "au fond, ils racontent de belles histoires". "Ils humanisent l'institution."
Enfin, le temps de l'enfance et de la préadolescence passe très vite, de même que la spontanéité propre à ces âges. "Il est très tentant pour un cinéaste d'essayer de saisir ces instants de tous les possibles, ces moments où nous étions tous dans le même bain", estime Jean-Marie Vinclair.
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