L'indice composite shanghaïen a chuté en clôture de 5,33%, à 3.016,70 points, tandis que la Bourse de Shenzhen s'enfonçait de 6,60%.
La place de Shanghai avait déjà abandonné presque 10% la semaine dernière, dans un climat de panique qui rappelait le krach boursier de l'été 2015. L'onde de choc avait encore une fois ébranlé les marchés mondiaux.
Car si les Bourses de Chine continentale restent largement déconnectées du reste du monde du fait de restrictions drastiques et des contrôles des flux de capitaux, la finance planétaire, elle, reste suspendue aux indices d'essoufflement de la deuxième économie mondiale.
Or, si la Bourse de Shanghai est loin d'être un reflet fidèle de la conjoncture, les investisseurs chinois --pour l'écrasante majorité des petits porteurs-- s'alarment grandement du ralentissement de la croissance. Surtout, ils doutent de plus en plus de la capacité des autorités à la relancer, malgré de multiples mesures de soutien et des assouplissements monétaires répétés.
Et à l'instar des interventions gouvernementales précédentes sur les marchés, la mise en place la semaine dernière d'un "coupe-circuit" (interrompant automatiquement les échanges en cas de forte baisse) s'est révélée contre-productive et n'a fait qu'exacerber l'angoisse générale.
Le mécanisme, à l'origine de deux séances de débâcle, a finalement été suspendu vendredi, encourageant à Shanghaï un léger mais très temporaire sursaut.
"Les marchés sont déjà entraînés dans une spirale baissière, ils chutent sans trouver de plancher", observait Zhang Yanbing, expert du courtier Zheshang Securities.
"L'économie reste en berne, on ne voit nulle part l'ingrédient d'un éventuel rebond", a-t-il indiqué à l'AFP.
- 'Le pessimisme domine' -
Des indicateurs publiés samedi sont venus alimenter le pessimisme ambiant. Ainsi, si l'inflation a légèrement accéléré à 1,6% sur un an en décembre, elle reste à un niveau très bas, symptôme d'une demande sans éclat.
Surtout, l'indice qui mesure l'évolution des prix de vente à la sortie d'usine (PPI) a plongé pour le 46e mois consécutif, rappelant les déboires du secteur manufacturier, contraint de sacrifier ses prix dans un contexte de baisse des exportations et de demande intérieure atone.
Nul ne s'attend à un miracle pour la salve d'indicateurs mensuels attendue la semaine prochaine, qui devrait a priori confirmer pour 2015 la pire croissance économique annuelle du géant asiatique depuis un quart de siècle.
"Le moral est très entamé. (Pourtant), je ne vois pas de signes suggérant des achats importants par des acteurs gouvernementaux sur les marchés", une technique largement utilisée par Pékin pour soutenir en sous-main les indices boursiers, soulignait Castor Pang, de la société Core Pacific Yamaichi, cité par Bloomberg News.
Les autorités "doivent faire attention, elles ne peuvent pas arriver à la rescousse tout le temps", alors que Pékin assure depuis deux ans vouloir au contraire accorder un rôle plus crucial aux marchés, ajoutait-il.
"Le pessimisme domine", résume William Wong, un responsable du courtier Shenwan Hongyuan, également cité par Bloomberg. "L'environnement va rester compliqué: croissance économique affaiblie, volatilité des marchés extérieurs, et pression à la baisse sur le yuan", a-t-il expliqué.
Au grand dam des investisseurs, qui redoutent les prémices d'une "guerre des devises", la banque centrale chinoise (PBOC) a récemment orchestré une nouvelle glissade du yuan, abaissant durant huit séances successives son cours de référence face au dollar, soit une dépréciation totale de 1,4% --avant d'inverser légèrement la tendance vendredi puis lundi.
Dans le sillage des Bourses chinoises, Hong Kong a clôturé en baisse de 2,8%, Sydney et Séoul cédant toutes deux environ 1,2%.
Les Bourses européennes ont ouvert en ordre dispersé, mais Moscou, de son côté, a plongé de plus de 4%, le rouble tombant de surcroît au plus bas depuis plus d'un an, sur fond de rechute des cours du pétrole.
"Les marchés (mondiaux) s'inquiètent de la stabilité financière de la Chine", relevait Matthew Sherwood, analyste financier à Sydney. "La Chine est de toute évidence sur une pente descendante graduelle", et "nombreux sont ceux qui craignent un atterrissage très brutal", a-t-il insisté.
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