Les forces de l'ordre étaient intervenues à Nantes samedi soir pour libérer les lieux après une nouvelle démonstration de force mobilisant des milliers de manifestants opposés à ce projet.
Plusieurs dizaines de camions de CRS avaient convergé vers le pont vers 22h00 samedi, accompagnés d'un véhicule lanceur d'eau et d'une grosse dépanneuse, puis les forces de l'ordre ont entamé leur intervention vers 23h00. Après plusieurs tentatives de négociation pour un départ à l'amiable, une importante charge à l'aide de gaz lacrymogènes a été lancée vers 23h45, accélérant le départ des quelque 60 tracteurs qui bloquaient le passage.
Peu avant une heure du matin dimanche, ils étaient tous partis du périphérique par les bretelles de sortie, en direction du sud.
"La garantie donnée par les organisateurs de quitter le périphérique en fin d'après-midi n'a pas été respectée", a regretté le préfet de Loire-Atlantique, Henri-Michel Comet dans un communiqué vers minuit.
"L'engagement pris n'a pas été tenu," a-t-il insisté lors d'un point presse à 1H30 du matin, au commissariat central de Nantes. "Par conséquent, je l'ai rappelé avec force. La circulation va reprendre pour dimanche matin, après les travaux de nettoyage de la voirie".
Le préfet a néanmoins souligné que la manifestation qui avait précédé le blocage s'était "bien déroulée dans son ensemble".
La manifestation, entamée dans la matinée de samedi aux abords de Notre-Dame-des-Landes et en plusieurs points de Nantes, a réuni plus de 20.000 personnes, 400 tracteurs et un millier de cyclistes, selon l'Acipa, la principale association d'opposants au projet d'aéroport nantais, la police parlant de 7.200 manifestants.
Les différents convois ont ensuite convergé sur le périphérique de Nantes et se sont rejoints au pont de Cheviré à la mi-journée.
Mais alors que le gros des manifestants commençait à se disperser à partir de 15h30, plusieurs organisations paysannes ont annoncé qu'elles poursuivaient une occupation illimitée du pont de Cheviré tant que le Président Hollande ne renoncerait pas à l'expulsion des habitants du site prévu pour le futur aéroport nantais.
- 'Occupation intolérable' -
Le nouveau président LR du conseil régional des Pays de la Loire, Bruno Retailleau, a dénoncé le blocage du pont, "axe économique majeur pour notre région". "Je demande à l?Etat de prendre toutes les mesures pour en finir avec cette occupation intolérable", a-t-il réclamé dans un communiqué.
Les opposants dénoncent une audience prévue mercredi au tribunal de grande instance de Nantes lors de laquelle le groupe Vinci, concessionnaire du projet d'aéroport, doit demander l'expulsion immédiate d'une quinzaine d'habitants du site prévu pour l'infrastructure.
Pour Bruno Gris, président du Groupement des agriculteurs bio de Loire-Atlantique, cette menace contredit un engagement pris en 2012 par François Hollande de geler les expulsions tant que tous les recours déposés devant la justice n'auront pas été entendus. Le gouvernement souligne que ces recours ont été rejetés mais les opposants ont fait appel.
Nicolas Hulot, ex-envoyé spécial de François Hollande pour la protection de la planète, et la dirigeante d'EELV, Emmanuelle Cosse, ont appelé à l'abandon du projet d'aéroport.
La mobilisation de samedi est la plus forte depuis la manifestation du 22 février 2014, lorsqu'au moins 20.000 personnes selon la police et 40.000 à 60.000 selon les manifestants, s'étaient rassemblées dans le centre de Nantes. Mais, à la différence de ce rassemblement qui avait donné lieu à des dégradations et des affrontements avec les forces de l'ordre, la manifestation de samedi s'est déroulée dans une ambiance bon enfant, avec "un grand banquet" organisé au milieu des voies empruntées habituellement par les automobiles.
Cette nouvelle mobilisation intervient plus de deux mois après l'annonce, le 30 octobre, d'une relance "pour 2016" du chantier, après la validation par le tribunal administratif de Nantes des arrêtés préfectoraux autorisant le début des travaux.
Le transfert de l'actuel aéroport vers le site de Notre-Dame des Landes, à 20 km au nord de l'agglomération, devait initialement s'achever en 2017 avec l'inauguration de la nouvelle infrastructure.
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