Parallèlement, une manifestation de l'extrême droite emmenée par le mouvement Pegida contre les migrants et contre la chancelière a rassemblé 1.700 personnes, selon la police, dans cette ville rhénane (ouest) sur les lieux des agressions de la Saint-Sylvestre. Elle s'est achevée par quelques heurts avec la police au moment de la dispersion du cortège, avec un bilan de quatre blessés légers.
Très avare jusqu'ici en informations sur les agressions sans précédent contre des femmes de la nuit du Nouvel An, la police locale a annoncé que leur ampleur avait été plus importante que ce que l'on savait, avec 379 plaintes au total, dont 40% à caractère sexuel, contre 170 dans le précédent pointage officiel.
La police, dont le chef a été limogé vendredi, a précisé que les suspects dans ces affaires étaient "en grande partie" des réfugiés ou des immigrants illégaux originaires de pays d'"Afrique du Nord", sans plus de détails.
- "Cologne a tout changé"-
Ces éléments sont de nature à accroître un peu plus la pression de l'opinion pesant sur la chancelière allemande pour qu'elle change le cours de sa politique d'ouverture aux réfugiés.
Pour Mme Merkel, qui s'exprimait à l'occasion d'une réunion de son parti (CDU, conservateurs) samedi à Mayence (sud-ouest), "si les réfugiés ont commis un délit", cela doit "avoir des conséquences, (...) cela veut dire que le droit (de séjour) doit s'arrêter" et ce "s'il y a une peine de réclusion, même avec sursis".
Cette évolution, entérinée par la direction de la CDU, doit encore être discutée avec le partenaire social-démocrate au sein de la coalition gouvernementale à Berlin, mais le SPD a lui aussi multiplié les messages de fermeté ces derniers jours.
"Il est important que là où la loi n'est pas suffisante, elle soit modifiée", a affirmé Angela Merkel, y voyant là aussi "l'intérêt de la grande majorité des réfugiés".
Pour l'heure, en vertu de la loi allemande, l'expulsion d'un demandeur d'asile n'a lieu qu'après une condamnation à au moins trois ans de prison, et à la condition que sa vie ou sa santé ne soient pas menacées dans son pays d'origine.
Le ministre de l'Intérieur Thomas de Maizière a promis de légiférer "rapidement". "Il faut tout faire pour que les événements de Cologne ne puissent pas se reproduire et cela implique de la prévention, davantage de vidéo-surveillance sur les places publiques, de la présence policière dans la rue, une justice rapide et de lourdes peines", a-t-il dit au quotidien FAZ à paraître dimanche.
"Cologne a tout changé, les gens doutent", a lancé à Mayence Volker Bouffier, vice-président de la CDU. "L'ambiance à la base du parti est sinistre", a dit un autre responsable, Carsten Linnemann.
- L'extrême droite cherche à capitaliser -
L'Allemagne a vu affluer un nombre record de 1,1 million de demandeurs d'asile en 2015 et les violences du Nouvel An à Cologne créent le risque pour la chancelière de faire irrémédiablement basculer l'opinion publique, qui encore pour une part importante jusqu'ici était ouverte à l'égard des demandeurs d'asile fuyant guerres et autres conflits.
Le mouvement islamophobe Pegida a cherché à récupérer ce mécontentement en organisant samedi après-midi une manifestation à Cologne même aux côtés d'autres groupes d'extrême droite locaux et un rassemblement de sa branche flamande à Anvers en Belgique, qui a quant à lui a réuni 300 personnes.
A Cologne, environ 1.700 personnes ont défilé sous des pancartes sur lesquelles il était écrit "Merkel dehors !" et le cortège a été dispersé à coups de canons à eau et de gaz lacrymogène par les forces de l'ordre, après qu'elles eurent été la cible de jets de bouteilles et de pétards en fin de parcours. Selon la police, un journaliste et trois policiers ont été légèrement blessés.
"Merkel est devenue un danger pour notre pays, Merkel doit partir", s'est exclamé au mégaphone un représentant de Pegida.
En face, un millier de contre-manifestants se sont aussi rassemblés dans le centre de Cologne. "Nous sommes là pour les faire taire. Il est inacceptable que Pegida exploite l'horrible violence sexuelle survenue ici le Jour de l'An et répande ses conneries racistes", a déclaré Emily Michels, 28 ans.
Peu auparavant, à la mi-journée, plusieurs centaines de personnes, surtout des femmes, s'étaient réunies sur les marches de la cathédrale pour protester contre ces violences, soufflant dans des sifflets et tapant sur des casseroles.
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