"Si quelqu'un me tend la main, je la saisis et je la serre", explique Jean-François, qui requiert l'anonymat, en buvant le thé brûlant.
Cette journée "porte ouverte" organisée dans cinq autres salles de prière d'Ajaccio et à la mosquée de Baleone, dans les faubourgs de la capitale corse, comme dans de nombreuses mosquées en France, est "simplement destinée à montrer qui on est, que l'on pratique une religion de paix et d'amour du prochain et tout le monde est bienvenu", explique à l'AFP Mounim El Khalfioui, le responsable de la salle vandalisée après l'agression, la veille de Noël, de pompiers et policiers dans un quartier sensible.
Une dizaine de personnes avaient répondu en milieu d'après-midi, à l'invitation. M. El Khalfioui a espéré qu'elles seraient plus nombreuses dimanche, second jour de cette "porte ouverte".
Peu après la prière de l'après-midi à laquelle ont assisté un vingtaine de fidèles, le thé à la menthe et les gâteaux traditionnels marocains ont été servis aux visiteurs dans cette salle du quartier populaire de Saint-Jean.
Installée au rez-de-chaussée d'un immeuble de huit étages de la rue du colonel Colonna d'Ornano, où fut assassiné en 1998, le préfet Claude Erignac, la salle de prière de l'Association marocaine sportive et culturelle porte encore les stigmates de l'agression du 25 décembre.
"Nous ne faisons pas réparer pour les besoins de l'enquête et pour les assurances", explique Mounim El Khalfioui, en montrant le rideau métallique forcé, les carreaux brisés et un climatiseur arraché de son support de cette pièce unique d'une soixantaine de m2 aux murs blancs lambrissés de bois clair et aux tapis rouges.
Le lendemain du caillassage d'un camion de pompiers et l'agression de sauveteurs intervenant sur un incendie dans le quartier des Jardins de l'Empereur, à un kilomètre de la salle, des dizaines de personnes avaient quitté un rassemblement de protestation pour se livrer à des dégradations dans des quartiers à population maghrébine, aux cris de "Arabi Fora" (les Arabes dehors).
En dépit de très importants effectifs de police et gendarmerie en permanence en Corse, aucune interpellation n'a été effectuée depuis parmi les agresseurs des pompiers et policiers, ni chez les manifestants.
-"Tapage"-
M. Khalfioui, employé municipal d'une quarantaine d'années, se réjouit des nombreux messages de soutien adressés par les voisins et la population ajaccienne. Mais, il ne veut pas s?appesantir sur les incidents qui n'ont fait aucune victime.
"Prévenus que des gens en colère arrivaient, nous avons fermé la porte et sommes partis", explique un fidèle, Sabri Merdassi, 23 ans, venu prier le 25 décembre.
Epaisse barbe noire et cheveux ras, le jeune homme d?origine algérienne né à Ajaccio affirme "n'avoir jamais entendu de tels propos racistes auparavant".
"Mais, ajoute-t-il, il ne faut pas nous replier sur nous-mêmes et nous sentir affaiblis pour autant."
Condamnant "en même temps les racistes et les terroristes islamistes", M. Merdassi se dit toutefois "surpris" par l'ampleur donnée à cette affaire par les medias.
"Nous n'avons jamais de problème ici et quand nous allons au Maroc, nous sommes les meilleurs ambassadeurs de la Corse", ajoute M. El Khalfioui, qui déplore "le trop grand tapage des journaux parisiens et de certaines chaînes de télévision en continu".
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