Cette "démonstration de force" vise à faire "plier" le gouvernement, quatre jours avant une audience judiciaire, lors de laquelle Aéroports du Grand Ouest (AGO), concessionnaire du futur aéroport, compte demander l'expulsion immédiate de ces habitants, assortie d'une astreinte journalière de 200 à 1.000 euros et d'une mise sous séquestre de leurs biens et cheptels s'ils n'obtempèrent pas.
Sous un ciel serein, un premier convoi, composé de quelque 200 cyclistes et d'une dizaine de tracteurs, est parti vers 9h00 du bourg de Notre-Dame-des-Landes, équipé de drapeaux et de pancartes sur lesquelles on peut lire "Non aux expulsions" ou encore "Oui aux paysans".
Lors d'une prise de parole par mégaphone, les organisateurs ont appelé les participants à "bloquer le périf dans la bonne ambiance" en évitant par exemple de s'en prendre à la signalisation routière. Ils ont annoncé un ordre de dispersion à partir de 15h30.
Ce premier convoi a récupéré plusieurs centaines d'autres manifestants sur la "Zone d'aménagement différé", la fameuse "ZAD" rebaptisée "Zone à défendre" par les opposants au projet d'aéroport, qui sont environ 200 à vivre sur place en pleine nature dans des logements de fortune. Des manifestants cagoulés ont pris place dans des remorques de tracteurs.
Quatre autres convois de tracteurs et de piétons ont prévu de converger vers le périphérique nantais puis vers le sud du grand pont de Cheviré, qui enjambe la Loire, pour un "grand banquet".
Le trafic devrait être fortement perturbé sur le périphérique mais aussi les accès à l'aéroport de Nantes-Atlantique dès le milieu de matinée. La préfecture de Loire-Atlantique, qui n'a pas interdit la manifestation, recommande de différer et limiter les déplacements et de privilégier les transports en commun.
La manifestation ne devrait pas gagner le centre-ville de Nantes, un "choix délibéré" des organisateurs. De précédents rassemblements, notamment en 2014, avaient donné lieu à des affrontements entre certains manifestants radicaux et les forces de l'ordre.
- Interpeller François Hollande -
"L'objectif est d'interpeller François Hollande pour obtenir l'annulation des procédures d'expulsion", explique à l'AFP "Camille", un jeune homme qui utilise ce prénom unisexe afin de protéger l'identité des "zadistes". "On continuera la mobilisation tant que les expulsions n'auront pas été annulées", promet-il, tout en assurant que cinq nouvelles espèces protégées viennent d'être découvertes sur la ZAD, interdisant selon lui la destruction du milieu naturel.
Cette nouvelle mobilisation des opposants à l'aéroport, engagés depuis 15 ans dans un bras de fer judiciaire en plus d'une occupation sur le terrain, intervient plus de deux mois après l'annonce, le 30 octobre, d'une relance "pour 2016" du chantier, après la validation par le tribunal administratif de Nantes des arrêtés préfectoraux autorisant le début des travaux.
Du côté des partisans du projet, l'association "Des Ailes pour l'Ouest" fait valoir qu'à la différence de la quinzaine d'occupants menacés d'expulsion, 260 autres habitants ont accepté les procédures d'indemnisation. "Cette manifestation en plein état d'urgence est une véritable provocation de gens qui refusent les décisions démocratiques et les décisions de justice", accuse dans un communiqué Alain Mustière, le président de l'association.
Le transfert de l'actuel aéroport de Nantes-Atlantique, au sud de l'agglomération, vers le site de Notre-Dame des Landes, devait initialement s'achever en 2017 avec l'inauguration de la nouvelle infrastructure.
Les opposants à l'aéroport ont appelé à des rassemblements de soutien ailleurs en France ce samedi, notamment à Strasbourg, Toulouse, Lille, Narbonne ou Mâcon.
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