Cette "démonstration de force" vise à faire "plier" le gouvernement, quatre jours avant une audience devant le tribunal de grande instance de Nantes, lors de laquelle Aéroports du Grand Ouest (AGO), concessionnaire du futur aéroport, compte demander l'expulsion immédiate de ces habitants, assortie d'une astreinte journalière de 200 à 1.000 euros et d'une mise sous séquestre de leurs biens et cheptels.
"L'inquiétude est plus forte parce qu'on touche le coeur de la lutte avec les +historiques+", explique Julien Durand, porte-parole de l'Acipa, principale association d'opposants au transfert de l'actuel aéroport de Nantes-Atlantique.
Les organisateurs de cette journée de mobilisation disent attendre "un geste fort de François Hollande" et l'annonce de l'abandon des procédures d'expulsion.
Un premier convoi, composé de vélos et de tracteurs, doit partir en début de matinée du bourg de Notre-Dame-des-Landes. Il sera rejoint par trois autres convois de tracteurs et un convoi de piétons, rassemblés en divers endroits du périphérique nantais. Tous convergeront au pied du pont de Cheviré, qui enjambe la Loire, pour un "grand banquet" dans une ambiance que les organisateurs souhaitent "enthousiaste, conviviale et sereine".
Le trafic devrait être fortement perturbé sur le périphérique mais aussi les accès à l'aéroport de Nantes-Atlantique dès le milieu de matinée et jusqu'à la fin de l'après-midi. La préfecture de Loire-Atlantique, qui n'a pas interdit la manifestation, recommande de différer et limiter les déplacements et de privilégier les transports en commun.
La manifestation ne devrait pas gagner le centre-ville de Nantes, un "choix délibéré" des organisateurs. De précédents rassemblements, notamment en 2014, avaient donné lieu à des affrontements entre certains manifestants radicaux et les forces de l'ordre.
- Dissensions gouvernementales -
Cette nouvelle mobilisation des opposants à l'aéroport, engagés depuis 15 ans dans un bras de fer judiciaire en plus d'une occupation sur le terrain, intervient plus de deux mois après l'annonce, le 30 octobre, d'une relance "pour 2016" du chantier, après la validation par le tribunal administratif de Nantes des arrêtés préfectoraux autorisant le début des travaux.
"En respect du calendrier fixé par l'État", AGO avait assigné une première fois les 11 familles et les quatre exploitants agricoles. Mais l'audience, prévue le 10 décembre, en pleine COP21 et dans l'entre-deux-tours des élections régionales, ne s'était pas tenue et la société a délivré de nouvelles assignations le 30 décembre.
La relance de cette procédure s'est faite "au mépris des accords" politiques, obtenus en 2012 par les opposants, estiment ces derniers. L'Etat s'était engagé à geler les expulsions tant que les recours déposés contre le projet n'avaient pas été épuisés, ce qui inclut pour les opposants les procédures d'appel.
Ce projet vieux de plus de 40 ans, qui continue d'empoisonner les relations entre le Parti socialiste et ses partenaires écologistes, est source de dissensions au sein même du gouvernement. La ministre de l'Écologie Ségolène Royal a plaidé à l'automne pour un "plan B", tandis que le Premier ministre Manuel Valls a affirmé à plusieurs reprises sa volonté de mener à bien le projet existant, déjà défendu ardemment par son prédécesseur Jean-Marc Ayrault, longtemps maire de Nantes.
Du côté des partisans du projet, l'association "Des Ailes pour l'Ouest" fait valoir qu'à la différence de la quinzaine d'occupants menacés d'expulsion, 260 autres habitants ont accepté les procédures d'indemnisation. "Cette manifestation en plein état d'urgence est une véritable provocation de gens qui refusent les décisions démocratiques et les décisions de justice", accuse dans un communiqué Alain Mustière, le président de l'association.
L'aéroport de Notre-Dame des Landes, à une vingtaine kilomètres au nord de Nantes, devait initialement être inauguré en 2017.
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