Les Bourses chinoises sont enfin parvenues à relever la tête, Shanghai engrangeant 1,97% mais terminant la semaine sur un effondrement de près de 10%. La Bourse de Shenzhen a gagné 1,05%, soit une chute hebdomadaire de plus de 14%.
Cette accalmie intervient alors que la Chine a décidé jeudi soir de suspendre son système "coupe-circuit", mis en place lundi, qui a stoppé les échanges à deux reprises cette semaine et nourri la panique boursière.
Le système visait au départ à enrayer la volatilité des marchés d'actions et éviter un effondrement des cours.
De son côté, Hong Kong a pris 0,59% et les Bourses européennes se reprenaient timidement. Vers 11H00 (10H00 GMT), Francfort gagnait 0,63%, Londres 0,59% et Paris 0,58%.
Les marchés semblent pourtant loin d'être sortis d'affaires, selon les analystes.
"Le calme ne pourra pas revenir sur les marchés financiers dans le monde tant que la Chine n?aura pas laissé se dégonfler la bulle sur ses marchés actions", estiment les stratégistes chez Crédit Mutuel-CIC.
Pour Li Jingyuan, directeur général de Shanghai Bingsheng Asset Management, à Bloomberg News, "l'abandon du système coupe-circuit aidera à stabiliser le marché, mais un sentiment de panique persistera, notamment parmi les investisseurs particuliers".
Les investisseurs sont inquiets du ralentissement économique chinois, alors que le chiffre attendu de la croissance 2015 devrait être de 6,9% selon la banque centrale chinoise (PBOC), son niveau le plus bas depuis un quart de siècle.
Ils sont dans le même temps toujours suspendus aux décisions des autorités chinoises, concernant les marchés boursiers et la devise chinoise. Tout cela dans un contexte mondial de plus en plus incertain, marqué aussi par les tensions géopolitiques, les prix du pétrole au plus bas, et les doutes sur la solidité de la reprise américaine.
"Les autorités chinoises ont décidé de changer totalement leur approche pour tenter d?apaiser la tempête financière qui a débuté cette semaine", pour les stratégistes.
La Chine a d'ailleurs relevé vendredi le cours de référence du yuan face au billet vert, mettant fin à huit jours de baisse.
Si un yuan plus faible rend les exportateurs chinois plus compétitifs à l'international, il renchérit les importations du pays.
"En affichant sa volonté de défendre sa monnaie et ainsi de ne pas transférer ses problèmes au reste du monde, la Chine tente d?envoyer un signal rassurant. Ce dernier est toutefois limité par la chute des réserves en devise du pays qui prouve que les marges de man?uvre de la banque centrale se réduisent rapidement", selon Crédit Mutuel-CIC.
Les ratés de l'économie chinoise, mis en lumière en début de semaine par des indicateurs préoccupants sur l'industrie et les services fragilisent un peu plus les pays émergents.
Le ministre des Finances du Mexique Luis Videgaray a d'ailleurs dit craindre jeudi que la décision de la Chine de dévaluer à nouveau le yuan ne déclenche une guerre des monnaies, alors que le peso mexicain atteint des niveaux historiquement bas, ce qui a contraint à la banque centrale à intervenir.
Le pétrole remontait aussi après avoir plongé ces derniers jours, mais restait largement sous les 35 dollars.
Les cours de l'or noir ont dégringolé depuis juin 2014, quand le pétrole se vendait à 100 dollars le baril. La faute à une offre de pétrole excédentaire, que n'absorbe pas une demande mondiale moribonde, ce qui s'explique notamment par le ralentissement de l'économie chinoise.
Les tensions géopolitiques, en particulier entre l'Arabie Saoudite et l'Iran, n'aident pas les cours du pétrole, puisqu'elles renforcent les divisions au sein de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole qui s'est refusée en décembre à baisser ses niveaux de production.
Sur le marché des changes, le dollar qui s'était affaibli jeudi retrouvait un peu de verdeur face à l'euro et au yen.
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