Pour la deuxième fois cette semaine, les Bourses chinoises ont du interrompre leurs séances après une chute de 7%. Cela inquiète les investisseurs quant à la portée du ralentissement de l'économie chinoise, un des poumons de la croissance économique du globe.
Mais au delà de la Chine, c'est tout le panorama économique mondial qui est constellé de points d'interrogations, alors que les grandes banques centrales ont inondé les marchés grâce à leurs politiques ultra-généreuses.
Un des gourous de la finance mondiale, le milliardaire américain George Soros, a même réveillé le spectre de la crise de 2008.
"La Chine a un très gros problème d'ajustement", a-t-il déclaré à Colombo. "Je dirais que c'est bien une crise. Quand je regarde les marchés financiers, je vois une situation sérieuse qui me rappelle la crise que nous avons eue en 2008".
"Avec le cycle des taux d?intérêt aux Etats-Unis, le ralentissement économique en Chine est LE thème principal pour l?année 2016, avec une transmission à l?économie mondiale par le niveau des importations de la Chine, source de croissance pour de nombreux pays exportateurs de matières premières et de produits manufacturés à travers le monde", estime Vincent Ganne, analyste chez FXCM.
La situation boursière est tellement délicate que les autorités ont dû annoncer en catastrophe, tard dans la soirée chinoise, qu'elles suspendaient les systèmes de coupe-circuit qui interrompaient les séances boursières, et qui étaient accusés d'amplifier les baisses.
Ce revirement a un peu soulagé les Bourses européennes et Wall Street, ouvertes au moment de l'annonce mais la déprime est de nouveau vite revenue à Wall Street.
l'indice vedette Dow Jones Industrial Average a lâché 2,32% et le Nasdaq, à dominante technologique, 3,03%. Particulièrement suivi par les investisseurs, l'indice élargi S&P 500 a perdu 2,37%.
La Bourse de Toronto a perdu 2,19% avec la dégringolade des valeurs pétrolières même si les compagnies aurifères ont progressé.
Avant cela Paris avait terminé en baisse de 1,72%, Londres de près de 2%, Francfort a perdu 2,29%.
En Amérique latine Sao Paulo a baissé de 2,58%, Mexico de 2,47%, Santiago de 1,58% mais Buenos Aires a limité ses pertes à 0,28%.
Plus tôt, Tokyo avait fini en repli de 2,33%, Hong Kong a perdu plus de 3%.
Le pétrole, dont l'offre est toujours aussi abondante, était aussi tiré vers le bas. Brent et WTI valaient autour de 33 dollars le baril, respectivement au plus bas depuis plus de 11 ans, et plus de 7 ans.
Pris en tenaille entre la Chine et le pétrole, les Bourses du Golfe, aussi affectées par la crise ouverte entre Ryad et Téhéran, ont connu de forts replis jeudi.
- "Cocktail dangereux de nouvelles menaces" -
Même fébrilité sur le marché des changes où le dollar s'affaiblissait face au yen et à l'euro notamment. Certaines devises plus exposées sombraient, notamment celles de certains pays émergents, comme le rand sud-africain qui s'enfonçait à un plus bas historique à 16,20 rands pour un dollar.
L'or, autre valeur refuge, progresse sensiblement depuis le début de l'année, passant d'environ 1.060 dollars l'once à pratiquement 1.100.
Céréales, Colza, cuivre, tout était orienté à la baisse. La tonne de cuivre est ainsi tombée jeudi à 4.430 dollars, au plus bas depuis le 21 mai 2009. Le marché obligataire européen lui, restait en revanche insensible.
Au delà du problème chinois, ce sont les perspectives de toute l'économie mondiale qui interpellent les marchés.
"C'est déjà une semaine à oublier", a estimé Michael Hewson, un analyste de CMC Markets, évoquant une "multitude d'inquiétudes au sujet des tensions entre l'Arabie saoudite et l'Iran, la bombe nord-coréenne et l'économie chinoise qui maintiennent les investisseurs dans un mauvais climat".
La Banque mondiale (BM) a fortement abaissé mercredi sa prévision de croissance mondiale pour 2016, renforçant les craintes suscitées par les performances "décevantes" des grands pays émergents dont la Chine ou le Brésil.
Le produit intérieur brut (PIB) mondial devrait progresser de seulement 2,9% cette année, marquant un recul de 0,4 point par rapport aux prévisions de l'institution en juin, selon un rapport semestriel publié mercredi.
Signe de cette croissance flageolante: le Baltic Dry Index, qui compile les routes de fret sec et donne donc une indication sur l'activité commerciale mondiale, a atteint mercredi un de ses plus bas niveaux depuis sa création en 1985.
Le chancelier de l'Échiquier, George Osborne, a lui aussi fait part d'un certain pessimisme jeudi. "L'an passé fut le pire pour la croissance mondiale depuis la crise et cette année débute avec un cocktail dangereux de nouvelles menaces. (?) Cette année n'a que sept jours, et déjà nous avons des nouvelles inquiétantes sur la chute des marchés actions à travers le monde, le ralentissement de la Chine, des problèmes sérieux au Brésil et en Russie", a-t-il souligné.
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