Le tribunal d'application des peines a accordé au détenu de 62 ans, dont près de 40 années en prison, d'entamer dès janvier, avec une première permission de sortie, le parcours de probation qui doit le mener à la liberté conditionnelle en août 2017.
Dans les heures qui ont suivi, le parquet de Melun, dont dépend la prison où Patrick Henry est incarcéré, a fait appel, suspendant toute remise en liberté. "La cour d'appel a deux mois pour statuer" sur cet appel, a affirmé la procureure Béatrice Angelelli.
"Depuis le départ de cette procédure, nous étions opposés à cette demande", a-t-elle justifié, considérant que "le projet d'accompagnement n'est pas assez encadrant".
Les juges "ont reconnu l'évolution très positive de Patrick Henry, qui a bien réfléchi sur l'échec de sa première réinsertion", avait pour sa part estimé son avocate Me Carine Delaby-Faure, avant que le parquet ne fasse connaître son appel.
Elle avait salué une "décision très humaine, qui prévoit un accompagnement fort et très progressif, sur 16 mois", de son client.
Le tribunal d'application des peines autorisait, Patrick Henry, actuellement incarcéré au centre de détention de Melun, à effectuer plusieurs permissions de sortie de janvier à mars 2016.
Il prévoyait ensuite un régime de semi-liberté dans un centre situé à Lille du 4 avril au 4 octobre, avant une période de huit mois avec le port d'un bracelet électronique.
Cette décision de mise en liberté conditionnelle faisait suite à une audience du 8 décembre devant le tribunal d'application des peines. Le parquet s'était prononcé contre cette demande de libération, formulée après le rejet d'un recours en grâce présidentielle en juillet 2014.
- Peine de mort évitée de justesse -
Patrick Henry, condamné à la réclusion à perpétuité en 1977 pour le meurtre de Philippe Bertrand, un enfant de sept ans, était devenu un symbole de la lutte pour l'abolition de la peine de mort. Il y avait échappé de justesse grâce notamment à la plaidoirie de son avocat Robert Badinter.
Considéré comme un détenu modèle, il avait obtenu sa mise en liberté conditionnelle après 25 ans de prison et était sorti en mai 2001 sous les feux des médias.
Devenu informaticien, il avait en 2002 publié un livre, "Avez-vous à le regretter?" dont la presse s'était fait l'écho et qui lui avait permis de gagner environ 100.000 euros.
Devenu un symbole de la réinsertion, il avait cassé cette image par un vol à l'étalage en juin 2002. Et son arrestation en Espagne en octobre de la même année, en possession de près de 10 kg de cannabis, l'avait ramené en prison.
Il avait été extradé en France en avril 2003, et sa liberté conditionnelle avait ensuite été révoquée. Il était condamné la même année par le tribunal correctionnel de Caen à quatre ans d'emprisonnement et 20.000 euros d'amende, décision confirmée par la cour d'appel de cette ville.
Depuis son retour en prison, Patrick Henry avait déjà présenté trois autres demandes de libération conditionnelle, dont une avait été acceptée en 2007 par le tribunal avant d'être rejetée après un appel du parquet, selon son avocate lilloise.
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