Fourgons et policiers stationnent devant la gare et la cathédrale depuis que toute l'ampleur du drame a été révélée dans cette métropole de la Rhénanie allemande (ouest).
Plus d'une centaine de femmes ont été agressées sexuellement et volées pendant la nuit de la Saint-Sylvestre, par des hommes perçus comme des "arabes" ou des "nord-africains". Et les plaintes continuent d'affluer.
Six jours après les faits, les journées shopping de Marie-Sophie à Cologne ont changé. "Il y a un sentiment étrange. On fait plus attention à nos affaires", dit-elle aux côtés de son amie Erika Fehler.
Leurs emplettes à la main, les deux adolescentes viennent de se faire interpeller par de jeunes hommes. Elle ont détalé: ils convoitaient leurs sacs à dos, affirment-elles. La mère de Marie-Sophie a fixé une nouvelle règle en ville: rendez-vous toutes les heures devant la cathédrale.
- 'Peur' -
"Maman n'avait pas aussi peur avant", souffle la collégienne. Gênée, elle refuse d'accuser les réfugiés. Erika elle, s'embarrasse moins. "Ils avaient l'air de réfugiés? ou d'Albanais. Avec des barbes et des habits sombres", affirme-t-elle.
Le centre commerçant de Cologne près de la gare est connu pour faire le bonheur des pickpockets lors des fêtes de fin d'année. Mais au basculement de 2016, la criminalité a changé d'échelle.
Entre les commerces de la gare, la colère est palpable. "Ils étaient des centaines et vraiment agressifs", rapporte une marchande de sandwichs, qui souhaite rester anonyme. Des "arabes", comme l'ont rapporté les médias allemands, mais "pas des réfugiés, ils étaient vraiment très organisés", précise-t-elle.
"On a toujours les mêmes problèmes avec les mêmes gens", râle cette cinquantenaire, en fustigeant le "retard" et l'inefficacité de la police, "pas assez nombreuse" ce soir-là.
Tous ces éléments choquent la population et nourrissent les amalgames, même si les autorités martèlent ne disposer à ce stade d'aucun élément mettant en cause des réfugiés.
- Craintes pour le tourisme -
Quoi qu'il en soit, les premiers touristes annulent déjà leur séjour à Cologne, alors que le grand carnaval de février, source importante de revenus, se profile en février.
"L'image de Cologne en a pris un coup", a confié le directeur de l'Office du tourisme, Josef Sommer, au quotidien local Kölner Stadt-Anzeiger. "Nous recevons beaucoup de questions inquiètes d'exposants et de visiteurs allemands et étrangers", lui fait écho le responsable des salons professionnels de la ville, Gerald Böse.
"Il n'y avait probablement aucun réfugié parmi les agresseurs, mais bien sûr les termes utilisés par les médias donnent une mauvaise impression", reconnaît Petra Müller, 45 ans et native de Cologne.
Cette secrétaire refuse de céder à la paranoïa. Rien ne l'empêchera de participer au carnaval. Elle n'a pas non plus l'intention de garder ses distances avec les inconnus, comme l'a suggéré la maire Henriette Reker aux femmes, provoquant quolibets des internautes.
La méfiance, voilà ce que craint Ghaith Anthipan. Les larmes aux yeux, ce Syrien de 20 ans brave la pluie et les sept degrés ambiants en silence avec un ami, au sommet de l'escalier menant à la cathédrale. Tous deux brandissent des pancartes bricolées à la hâte, qui clament dans un Allemand approximatif : "Ce qui est arrivé aux femmes de Cologne à Nouvel An me fait mal".
Certains passants s'arrêtent pour échanger un mot gentil. Mais quelques heures auparavant, un parti d'extrême droite local a réuni sur place une dizaine de personnes contre "la violence des immigrés", sous les huées de 150 contre-manifestants.
Dans la gare, Lamine Bah, réfugié guinéen de 19 ans, soupire. "On ne doit pas violer une femme. Ceux qui ont fait ça ont sali tous les réfugiés", regrette-t-il.
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