La chancelière Angela Merkel a téléphoné à la maire de Cologne Henriette Reker et lui a fait part de "son indignation face à ces actes de violence insupportables et à ces agressions sexuelles", tandis que d'autres responsables politiques cherchaient eux à établir un lien avec la présence de nombreux migrants dans le pays.
L'affaire, qui a pris de l'ampleur à mesure que se multipliaient les plaintes de victimes, suscite une forte émotion dans le pays.
Mardi en début de soirée, entre 2 et 300 personnes (selon la police) se sont symboliquement rassemblées devant la cathédrale de Cologne pour appeler à plus de respect envers les femmes.
"Madame Merkel, que faites-vous ? Ça fait peur", s'interrogeait sur une pancarte une des manifestantes. Le ministre de l'Intérieur Thomas de Maizière a lui critiqué dans la soirée l'inaction des forces de l'ordre à Cologne le soir des faits. "La police ne peut pas travailler comme ça", a-t-il dénoncé.
Au total, 90 plaintes ont été déposées et selon le chef de la police de Cologne, Wolfgang Albers, "d'autres devraient suivre".
- Des hommes ivres -
Ces agressions sont attribuées à des groupes de 20 à 30 jeunes hommes ivres qui ont encerclé leurs victimes au milieu du millier de personnes qui s'était rassemblé autour de la cathédrale et de la gare centrale de Cologne. Mais la police a aussi signalé une dizaine de plaintes à Hambourg (nord).
"Un groupe d'une dizaine, vingtaine, trentaine de jeunes hommes étrangers s'en est pris à nous", a raconté une victime sur le plateau de la chaîne d'information en continu N-TV.
"Ils se sont mis à nous agresser, nous prenant l'entre-jambe, touchant nos décolletés, sous les manteaux", a-t-elle expliqué, ajoutant que "seules les femmes" étaient visées.
Selon M. Albers, les policiers intervenus ce soir-là font état "dans leur très large majorité de jeunes hommes, âgés de 18 à 35 ans, apparemment d'origine arabe ou nord-africaine", un constat corroboré par les descriptions des victimes.
"Nous n'avons aucun indice montrant qu'il puisse s'agir de réfugiés séjournant à Cologne" ou dans les environs, a insisté la maire Henriette Reker, jugeant ce rapprochement "inadmissible" à la suite d'une réunion de crise à la mairie.
Le ministre de la Justice Heiko Maas a lui aussi mis en garde contre toute "instrumentalisation" de ces agressions dans un pays où l'afflux de réfugiés a parfois suscité de vives tensions ces derniers mois.
Son homologue de l'Intérieur a abondé contre "la suspicion généralisée" à l'égard des immigrés mais demandé aussi qu'il n'y ait "pas de tabou" s'il devait se confirmer que les auteurs sont d'origine étrangère.
- Allemagne "multicolore" -
Sans attendre, plusieurs personnalités politiques ont commencé à utiliser l'événement. Après ces incidents, "est-ce que l'Allemagne est suffisamment ouverte sur le monde et multicolore pour vous, Madame Merkel ?" a lancé, provocatrice, Frauke Petry, la patronne du parti populiste Alternative für Deutschland (AfD) qui progresse dans les sondages.
Au sein même de la coalition gouvernementale, les conservateurs bavarois de la CSU, qui tempêtent depuis des mois contre la politique favorable aux réfugiés de la chancelière, ont trouvé aussi matière à alimenter leurs griefs.
"Si des demandeurs d'asile ou des réfugiés se livrent à de telles agressions (...) cela doit conduire à la fin immédiate de leur séjour en Allemagne", a lancé Andreas Scheuer, secrétaire général du parti, qui recevra mercredi Mme Merkel en Bavière lors d'une réunion prévue de longue date.
Pour l'heure, la police n'a fait état d'aucune arrestation spécifiquement liée aux incidents.
Les plaintes visent des faits allant du harcèlement à au moins un viol en passant par des dizaines d'autres agressions sexuelles et des vols.
Un renforcement des effectifs des forces de l'ordre ainsi que de la vidéo-surveillance a été annoncé par le président de la police de Cologne qui se prépare à accueillir du 4 au 10 février des centaines de milliers de fêtards pour le carnaval, l'événement emblématique de cette ville.
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