Les deux groupes ont confirmé, dans deux communiqués distincts, être en "discussions préliminaires". Bouygues a confirmé la signature d'un "accord de confidentialité ce jour" tout en précisant qu'"aucune décision n'a été prise" et que "rien ne garantit l'issue de ces discussions préliminaires". Orange a précisé que ces négociations "ne sont pas contraintes par un calendrier particulier et ne s'engagent pas sur un schéma prédéfini".
L'existence de pourparlers entre Orange et Bouygues autour de l'avenir de Bouygues Telecom faisait l'objet de spéculations dans la presse depuis près d'un mois.
Orange "pense depuis un moment qu'il y a une certaine logique dans une consolidation en France", avait rappelé lundi à l'AFP le patron d'Orange, Stéphane Richard, tout en précisant que l'opérateur ne se lancerait pas "dans une opération qui ne sera(it) pas créatrice de valeur".
Interrogé par l'AFP, le ministère de l'Economie s'est refusé à tout commentaire, rappelant qu'Emmanuel Macron avait expliqué, en décembre, ne pas avoir de "position de principe" concernant le nombre d'opérateurs tant que les investissements fixe et mobile sont assurés.
Une position qui a évolué puisqu'en juin, lors de l'offre d'Altice, maison-mère de Numericable-SFR, M. Macron avait estimé que l'heure n'était pas à la concentration avec "quatre opérateurs qui ont chacun leur place".
A 11H11 (10H11 GMT), Bouygues perdait 0,42% à la Bourse de Paris, à 37,00 euros alors qu'Orange était en hausse de 0,89% à 15,34 euros. Leurs concurrents Numericable-SFR et Iliad, propriété du magnat Xavier Niel, décollaient respectivement de 7,36% à 35,85 euros et 2,76% à 227,10 euros, dans un marché en baisse de 0,86%.
Une possible fusion, suspendue à son acceptation par les autorités de la concurrence en France et à Bruxelles, entraînerait le passage de quatre à trois opérateurs dans l'Hexagone, une situation qui profiterait également à Numericable-SFR et Free, dans un marché particulièrement concurrentiel.
- "un besoin moins pressant" pour Free -
Mais en la matière, la position de la Commission européenne s'est durcie au cours des derniers mois, la Commissaire à la Concurrence Margrethe Vestager préférant la consolidation supranationale à des rapprochements entre opérateurs nationaux.
Le nouvel ensemble représenterait plus de 60% de part de marché en valeur, et 54% en ce qui concerne le nombre de clients, sur le mobile, très loin devant Numericable-SFR avec 30,3% du marché, et Free, à 15,7% en nombre d'abonnés.
A l'heure actuelle, Orange concentre un peu plus de 38% des clients mobiles, alors que Bouygues s'intercale entre Numericable-SFR et Free, avec 16,2% de part de marché.
"Cela ne s'est jamais produit en Europe pour l'instant, de voir le numéro un sur un marché national racheter le numéro trois", a rappelé Stéphane Dubreuil, consultant spécialiste des télécoms.
En cas de succès des discussions, Orange, dont l'Etat est le premier actionnaire, pourrait avoir à se séparer de cinq milliards d'euros d'actifs.
Le principal concerne les infrastructures réseaux de la filiale télécoms de Bouygues, qui pourraient intéresser Free, dernier arrivé sur le marché et pour l'heure le moins équipé de tous.
"Free a un besoin moins pressant d'un réseau déjà installé qu'il y a six mois, lors de l'offre d'Altice, mais récupérer une partie du réseau de Bouygues Telecom lui permettrait de gagner énormément de temps, notamment en vue de la fin de son contrat d'itinérance avec Orange", prévue pour 2017, a expliqué Sylvain Chevallier, spécialiste des télécoms et associé chez BearingPoint.
Le nouvel ensemble pourrait, en revanche, être tenté de conserver une partie des fréquences que possède Bouygues Telecom.
"Chacun de leur côté, Orange et Bouygues Telecom sont bien pourvus en fréquences, par rapport à leur taille, mais les fréquences d'Orange seules ne suffiraient pas à assurer un service satisfaisant pour l'ensemble des clients en cas de rachat", a ajouté M. Chevallier.
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