Le président américain déclinera depuis la Maison Blanche des décrets et propositions qui tout en respectant, promet-il, le sacro-saint deuxième amendement de la Constitution, permettront de lutter contre le "fléau" de la violence par les armes.
Quelque 30.000 personnes trouvent la mort par armes à feu aux Etats-Unis chaque année.
La généralisation de l'obligation du contrôle des antécédents judiciaires et psychiatriques avant une vente d'arme est au coeur de la batterie de mesures dont l'exécutif a dévoilé les grandes lignes lundi soir.
Selon M. Obama, "cela ne va pas empêcher tous les crimes violents, toutes les fusillades (...) Mais cela permettra, potentiellement, de sauver des vies dans ce pays".
Après sept années durant lesquelles, fusillade après fusillade, il n'a pu qu'exprimer sa frustration, le président démocrate a décidé d'agir seul face à un Congrès dominé par les républicains.
Ce faisant, il place le débat au coeur de la campagne présidentielle en cours. Mais s'expose aussi aux critiques sur sa façon d'exercer le pouvoir, ses opposants dénonçant ce qu'ils estiment être le fait du prince.
L'exécutif entend en particulier colmater les failles du système en vigueur en clarifiant la définition d'un vendeur d'armes. Dans les foires itinérantes mais aussi sur internet, il est en effet aujourd'hui aisé aux Etats-Unis d'acquérir une arme sans aucun des contrôles exigés des armuriers homologués par les autorités fédérales.
"Tout personne impliquée dans la vente d'armes qui utilise internet ou d'autres technologies doit obtenir une licence, exactement de la même manière qu'un magasin traditionnel", souligne en particulier la Maison Blanche. Cette dernière ne fixe cependant pas le nombre d'armes à partir duquel un particulier bascule dans cette catégorie.
La Maison Blanche souligne qu'en dépit des failles existantes, le système actuel de vérification des antécédents a permis, au cours des 15 dernières années, de bloquer la vente de quelque deux millions d'armes à feu qui auraient pu tomber dans de "mauvaises mains". Et juge donc cohérent de le renforcer.
Afin d'assurer une meilleure application des lois existantes, M. Obama propose par ailleurs la création de 200 nouveaux postes au sein de l'Agence fédérale sur l'alcool, le tabac et les armes (ATF). Il suggère par ailleurs au Congrès un investissement de 500 millions de dollars pour améliorer la prise en charge des soins psychiatriques.
- "Tradition de possession d'armes" -
"Les décisions du président sur les armes représentent une victoire importante pour la sécurité publique", a réagi sur Twitter l'ex-maire de New York Michael Bloomberg, impliqué de longue date dans ce combat.
Avant même de connaître la teneur exacte des propositions présidentielles, les républicains avaient dénoncé l'initiative avec virulence.
"Nous ne serons bientôt plus en mesure d'acquérir des armes", a lancé dans son style lapidaire le milliardaire Donald Trump, qui fait la course en tête dans le "Grand Old Party".
A l'unisson, les candidats républicains à la Maison Blanche ont promis d'effacer d'un trait de plume toute mesure sur ce thème. "Dès mon premier jour au pouvoir, tous ces décrets disparaîtront", a ainsi assuré le sénateur de Floride Marco Rubio.
Les opposants au durcissement des lois sur les armes mettent en avant le deuxième amendement de la Constitution qui stipule qu'"il ne pourra être porté atteinte au droit du peuple de détenir et de porter des armes". Mais ce paragraphe, ratifié en 1791, donne lieu à de multiples interprétations et est au coeur d'innombrables procédures judiciaires.
Le président de la Chambre des représentants, le républicain Paul Ryan, a dénoncé le "mépris" du président pour les Américains qui tiennent à cet amendement: "Il agit comme si le droit de porter des armes était quelque chose qui devait être toléré alors que, comme l'a réaffirmé la Cour suprême en 2008, c'est fondamental".
Conscient qu'il existe une "forte tradition de possession d'armes" aux Etats-Unis, M. Obama assure que les mesures qu'il présentera, scrutées à la loupe par les juristes de la Maison Blanche, sont en tout point conformes à la Constitution et entrent pleinement dans le cadre de ses pouvoirs présidentiels.
A moyen terme, le président américain reste cependant persuadé de la nécessité d'une évolution législative pour véritablement "prendre le problème à bras-le-corps".
Jeudi soir, il tentera d'en convaincre les Américains lors d'une séance de questions-réponses, retransmise en direct sur CNN, à l'université George Mason, à Fairfax (Virginie, Est).
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