Jusque-là inconnu des services de renseignement et de la Justice, Raouf El Ayeb a été entendu dimanche après-midi à la fin d'une garde à vue de 48 heures par le magistrat instructeur directement dans sa chambre d'hôpital, où il se remet d'une opération à une jambe et à un bras.
Vendredi, cet homme de 29 ans, originaire de Bron (banlieue lyonnaise), avait été grièvement blessé par les balles des militaires après avoir tenté de les percuter avec sa voiture à trois reprises.
Devant le juge, le jeune homme a été "en retrait" par rapport à ses déclarations initiales, affirmant n'avoir voulu que "renverser" les militaires.
On a pourtant "considéré qu'il y avait eu une volonté de tuer les quatre militaires en faction devant la mosquée", a déclaré à l'AFP le procureur de la République de Valence, Alex Perrin.
"La répétition de la charge (ndlr: avec sa voiture), qui était de nature à pouvoir tuer les militaires, et puis l'expression qui a été la sienne d'une intention illicite, suffisent à caractériser une volonté de meurtres", a-t-il souligné.
Lors de sa première audition samedi, Raouf El Ayeb n'avait pas, selon le parquet de Valence, "contesté la matérialité (des faits) et sa volonté effectivement de renverser les militaires, de les agresser, de les tuer peut-être aussi". Il avait déjà tenu des propos en ce sens vendredi dès sa prise en charge par les secouristes.
Il avait alors fait part de manière confuse "de sa volonté de se faire tuer par des militaires et de tuer des militaires", au motif que ceux-ci "tuaient les gens".
Un mandat de dépôt a été requis à l'encontre de l'assaillant qui devait être auditionné par le juge des libertés et de la détention dans la soirée pour une très vraisemblable mise sous écrou, sous l'autorité de l'administration pénitentiaire (AP).
- HOSPITALISE SOUS SURVEILLANCE -
Selon le procureur, Raouf El Ayeb devrait être privé "de toute liberté de mouvements" et "de visites". Deux agents de la pénitentiaire ont été postés devant sa chambre d'hôpital.
"Dès que son transport va être possible, il est probable qu'il sera orienté à l'initiative de l'AP sur une structure médicalisée en établissement pénitentiaire", a conclu M. Perrin.
Vendredi, vers 14H30, au volant d'un break rouge immatriculé en Savoie et appartenant à son épouse, le jeune homme avait foncé jusqu'à trois reprises sur les quatre soldats en faction, provoquant une riposte des militaires. L'un d'entre-eux avait alors été percuté par le véhicule à un genou et à un tibia.
Après sommations, les soldats avaient fait feu, blessant le conducteur au bras et à une jambe. L'enquête avait été aussitôt confiée à la police judiciaire par le parquet de Valence.
"C'est manifestement quelqu'un qui a agi en solitaire et sans lien particulier avec une mouvance" islamiste, avait précisé M. Perrin lors d'une conférence de presse samedi.
Selon ce dernier, la fouille de son domicile à Bron n'avait pas permis de trouver d'armes. L'exploitation de son ordinateur par les enquêteurs avait en revanche abouti à la découverte de d'"images de propagande jihadiste".
Musulman pratiquant "mais pas radical", Raouf El Ayeb, "fréquentait la mosquée de Bron et occasionnellement la mosquée de Valence", où vit sa belle-famille.
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