L'armée a annoncé dans la soirée avoir repris le contrôle du site 14 heures après le début de l'attaque contre la base de Pathankot, dans l'Etat du Pendjab (nord de l'Inde), lancée vers 03H30 (22H00 GMT) par des hommes armés vêtus d'uniformes indiens.
La police a annoncé la découverte des corps de quatre attaquants et a déclaré en rechercher d'autres. Le ministre de l'Intérieur Rajnath Singh a quant à lui salué la "neutralisation des cinq terroristes", sans plus de précisions.
Une source militaire a par la suite ajouté que trois "membres de la sécurité" au moins avaient également perdu la vie, et que trois autres avaient été blessés.
L'armée a très vite indiqué que les attaquants étaient soupçonnés d'appartenir au groupe islamiste Jaish-e-Mohammed basé au Pakistan. Un général indien a déclaré à la télévision que Jaish avait revendiqué l'assaut.
Le Premier ministre indien, Narendra Modi, a parlé sur son compte Twitter "d'ennemis de l'humanité qui ne veulent pas voir l'Inde progresser".
Cette base d'une importance stratégique à quelque 50 km de la frontière pakistanaise abrite des dizaines d'avions de combat.
L'attaque survient une semaine après une visite surprise du Premier ministre Modi au Pakistan -- la première d'un chef de gouvernement indien en 11 ans -- et menace l'amorce de détente entre les deux puissances nucléaires.
Mais le Pakistan a condamné dans l'après-midi cet "acte terroriste".
"Dans l'esprit de bonne volonté créé par les récentes discussions de haut niveau entre les deux pays, le Pakistan maintient son engagement à être un partenaire de l'Inde (...) afin d'éliminer la menace terroriste sur notre région", a déclaré un porte-parole du ministère des Affaires étrangères.
Un responsable sécuritaire de haut rang avait indiqué sur place, sous le couvert de l'anonymat et avant la fin de l'attaque, que les militaires avaient jusque-là réussi à empêcher les assaillants de faire des dégâts importants.
"Ils sont lourdement armés et l'attaque vise à provoquer un maximum de dégâts au matériel de la base, mais nous avons réussi pour le moment" à les en empêcher.
Le Jaish-e-Mohammed, interdit au Pakistan, combat l'Etat indien dans la région himalayenne du Cachemire, disputée par l'Inde et le Pakistan, où un conflit séparatiste a fait quelque 100.000 morts.
- Trois guerres pour le Cachemire -
L'Inde avait accusé le groupe islamiste d'avoir attaqué en décembre 2001 le parlement indien, faisant 11 morts et entraînant une escalade militaire à la frontière indo-pakistanaise au point d'amener les deux pays au bord de la guerre.
En juillet, trois hommes vêtus d'uniformes de l'armée avaient tiré sur un bus puis attaqué un poste de police dans le district voisin de Gurdaspur (Etat du Pendjab), tuant sept personnes dont quatre policiers. L'Inde avait attribué cette attaque aux insurgés du Lashkar-e-Taiba, basés au Pakistan.
Depuis leur indépendance du Royaume-Uni en 1947, l'Inde et le Pakistan ont déclenché trois guerres pour le Cachemire, dont chaque pays occupe une partie et dont les deux veulent le contrôle total.
L'Inde accuse régulièrement l'armée pakistanaise d'effectuer des tirs de couverture pour les rebelles qui infiltrent la frontière et organisent ensuite des attaques dans le Cachemire indien, où ils visent souvent la police locale.
Mais l'Etat du Pendjab, en majorité sikh, avait jusque-là été quasiment épargné par les violences.
Pour Sameer Patil, analyste du centre de recherches Gateway House, l'assaut de samedi est venu de l'autre côté de la frontière et probablement en représailles à la visite de M. Modi au Pakistan. "On a déjà assez de preuves que les militants du Jaish-e-Mohammed et du Lashkar-e-Taiba veulent saboter le processus de paix", a-t-il dit à l'AFP.
New Delhi avait suspendu toute discussion avec le Pakistan après l'attaque de Bombay par des islamistes en 2008, qui avaient tué 166 personnes. L'enquête avait établi que l'opération avait été planifiée au Pakistan.
Les deux pays avaient relancé un processus de paix en 2011, mais les tensions ont atteint des sommets ces deux dernières années. Des bombardements transfrontaliers dans le Cachemire ont fait des dizaines de morts depuis l'an dernier.
Depuis la visite de M. Modi au Pakistan la semaine dernière, les deux pays ont décidé de lancer un dialogue. Des rencontres bilatérales à haut niveau sont prévues en janvier à Islamabad.
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