L'Iran, puissance chiite dont les relations sont tendues avec l'Arabie saoudite, a immédiatement réagi à cette exécution, le ministère des Affaires étrangères promettant que Ryad paiera "un prix élevé" pour la mort du cheikh Nimr al-Nimr.
Le neveu du cheikh, Ali al-Nimr, mineur au moment de son arrestation, ne figure pas parmi les suppliciés qui, en règle générale, sont décapités au sabre.
Les condamnés --45 Saoudiens, un Égyptien, un Tchadien-- ont été exécutés dans douze villes du royaume, a précisé le ministère de l'Intérieur dans une déclaration officielle.
Ils avaient été condamnés, selon les autorités, dans différentes affaires, notamment pour avoir épousé l'idéologie radicale "takfiri" (terme généralement utilisé pour désigner des groupes radicaux sunnites), rejoint des "organisations terroristes" et mis à exécution des "complots criminels".
Le cheikh Nimr al-Nimr, 56 ans, virulent critique de la dynastie sunnite des Al-Saoud, a été la figure de proue d'un mouvement de contestation qui avait éclaté en 2011 dans l'est de l'Arabie où vit l'essentiel de la minorité chiite.
Cette communauté, qui se concentre dans la Province orientale, se plaint d'être marginalisée dans ce pays majoritairement sunnite.
L'exécution de Cheikh Nimr pourrait provoquer de vives réactions dans cette région, selon des spécialistes de l'Arabie saoudite.
Le cheikh Nimr avait été condamné à mort en octobre 2014 pour "sédition", "désobéissance au souverain" et "port d'armes" par un tribunal de Ryad spécialisé dans les affaires de terrorisme.
Son arrestation en juillet 2012 s'était déroulée de manière mouvementée et deux de ses partisans avaient été tués au cours des manifestations qu'elle avait provoquées.
- "le sang va couler" -
Parmi les personnes exécutées samedi figurent aussi des jihadistes sunnites condamnés pour leur implication dans des attentats meurtriers revendiqués par le groupe Al-Qaïda de feu Oussama ben Laden en 2003 et 2004.
La liste inclut le nom de Fares al-Shuwail que des médias saoudiens ont présenté comme étant un leader religieux d'Al-Qaïda en Arabie saoudite, arrêté en août 2004.
En 2011, les autorités saoudiennes avaient mis en place des tribunaux spéciaux pour juger des dizaines de Saoudiens et d'étrangers accusés d'appartenir à Al-Qaïda et d'avoir participé à une vague d'attentats sanglants (plus de 150 morts) dans le royaume entre 2003 et 2006.
C'est l'actuel prince héritier Mohammed ben Nayef qui avait supervisé la répression contre Al-Qaïda et il avait lui-même réchappé à un attentat.
Le 1er décembre, la branche d'Al-Qaïda au Yémen avait menacé de faire "couler le sang" si les autorités saoudiennes décidaient de mettre à mort des jihadistes détenus en Arabie.
"Nous entendons parler d'exécutions que le gouvernement des Al-Saoud a l'intention de pratiquer contre des frères moudjahidine actuellement détenus. Nous faisons le serment de sacrifier notre propre sang pour sauver le leur", avait affirmé Al-Qaïda dans la Péninsule arabique (Aqpa).
Il s'agit des premières exécutions de l'année 2016 dans ce royaume ultra-conservateur qui avait mis à mort 153 personnes l'année dernière, selon un décompte de l'AFP basé sur des chiffres officiels.
Le nombre d'exécutions en 2015 a largement dépassé celui enregistré en 2014 (87).
Terrorisme, meurtre, viol, vol à main armée, apostasie et trafic de drogue sont passibles de la peine capitale en Arabie saoudite, pays régi par une version rigoriste de la charia (loi islamique).
Selon l'organisation de défense des droits de l'Homme Amnesty International, le royaume saoudien figure parmi les pays qui exécutent le plus grand nombre de personnes avec la Chine, l'Iran et les Etats-Unis.
Dans un communiqué fin novembre, Amnesty s'était inquiété de l'imminence de l'exécution de plus de 50 prisonniers en Arabie, dont cheikh Nimr, "condamnés lors de procès iniques".
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