L'homme, inconnu des responsables de la mosquée, a dirigé délibérément à deux reprises sa Peugeot 307 sur quatre militaires de l'opération Sentinelle, qui ont fait usage de leurs armes après sommations.
Le chauffeur a été touché à un bras et à une jambe. "Les militaires ont riposté par des tirs de défense, blessant grièvement le conducteur du véhicule, sans que son pronostic vital ne soit à l?heure actuelle engagé", ont indiqué dans un communiqué commun les ministres de la Défense Jean-Yves Le Drian et de l'Intérieur Bernard Cazeneuve.
Le conducteur a agi seul. "On a vu cette personne, elle est d'origine maghrébine", a dit à l'AFP l'un des imams de la mosquée, Abdallah Dliouah.
Selon des témoins cités par M. Dliouah, le conducteur n'a pas proféré au moment de l'attaque de propos à connotations jihadistes.
Son véhicule, un break rouge, était immatriculé en Savoie.
Selon M. Dliouah, l'agression a eu lieu vers 14H30 sur le parking de la mosquée.
Un des militaires a été touché par le véhicule au genou et à un tibia. Un fidèle a aussi été légèrement blessé à une jambe par une balle perdue et a été secouru par l?un des soldats.
- Sang-froid des militaires -
Il y avait foule à ce moment-là car l'incident est intervenu entre deux offices en ce jour de prière pour les musulmans.
Selon le maire de Valence, Nicolas Daragon (Les Républicains), les militaires ont réagi avec un sang-froid "remarquable" puisqu'ils ont réussi à neutraliser leur agresseur sans trop de dommages collatéraux.
Quand le véhicule a foncé une première fois sur eux, les soldats ont fait les sommations d'usage, avant de faire feu alors que le conducteur repartait de l'avant.
Le fidèle touché a été "hospitalisé et opéré", a déclaré à l'AFP M. Daragon. Le militaire blessé a été "conduit à l?hôpital", ont indiqué MM. Le Drian et Cazeneuve.
En fin d'après-midi, la Peugeot endommagée était toujours visible devant le parking de la mosquée, à moitié enfoncée dans un fossé. Elle portait de nombreux impacts de balles. Le pare-brise et les vitres latérales, du côté passager comme du côté conducteur, étaient brisées.
- L'antiterrorisme pas saisi -
Selon la préfecture, la grande mosquée de Valence - la seule de la ville - est un lieu très calme, "où le culte se passe de manière apaisée". "C'est une mosquée modérée et calme", a confirmé M. Daragon.
C'est un vaste édifice, peut-être le plus grand de ce type dans la région Rhône-Alpes. Il a accueilli au total ce vendredi quelque 3.000 fidèles.
Il est situé dans un quartier périphérique de la ville, classé en zone de sécurité prioritaire (ZSP). Mais Valence ne connaît pas de problème majeur d'intégrisme et l'environnement immédiat de la mosquée est très calme, selon M. Daragon.
"La mosquée n'avait jamais reçu de menaces", a assuré M. Dliouah.
Vendredi soir, les motivations du conducteur restaient à déterminer, mais son interrogatoire devrait permettre d'en savoir un peu plus sur les raisons de son geste.
"Il appartiendra à l?enquête d?établir les motivations précises de l?auteur", ont souligné MM. Le Drian et Cazeneuve, qui ont apporté "leur entier soutien aux militaires visés". Le Premier ministre Manuel Valls a également évoqué vendredi son "soutien aux militaires attaqués".
Le procureur de la République de Valence s'est rendu sur place. À ce stade de l'enquête, le parquet antiterroriste n'a pas prévu de se saisir de l'affaire qui reste donc du ressort du parquet local.
Le 3 février 2015, à Nice, trois militaires en faction devant un centre communautaire juif avaient été agressés au couteau.
Près de 10.000 militaires sont déployés en France dans le cadre de l'opération Sentinelle de sécurisation des lieux sensibles mise en place après les attentats parisiens de janvier 2015.
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