Une foule compacte a accueilli le corps de cette grande figure exilé pendant près d'un demi-siècle à son arrivée dans le village qui porte le même non que lui, au milieu des collines à 160 km au sud-est d'Alger.
"Assa azeka, Dda Hocine yella yella" ("Aujourd'hui et demain, Hocine restera vivant") et "Djazaïr horra, dimoqratiya" ("Algérie, libre et démocratique"), a-t-elle scandé en kabyle et en arabe au passage de l'ambulance transportant la dépouille.
Des dizaines de milliers de personnes se sont rendues dans le petit village depuis l'annonce le 23 décembre du décès de Hocine Aït-Ahmed à l'âge de 89 ans à Lausanne (Suisse), des suites d'une longue maladie.
Sa dépouille a été rapatriée jeudi à Alger où l'ensemble du gouvernement lui a rendu hommage. Le président Abdelaziz Bouteflika, lui-même vétéran de la guerre d'indépendance, a décrété un deuil national de huit jours tandis que le Premier ministre Abdelmalek Sellal s'est déplacé pour assister à l'enterrement.
Selon la presse, l'opposant aurait refusé d'être inhumé au cimetière officiel d'El Alia à Alger, où sont enterrés cinq chefs d'Etat et de grandes figures de la résistance face à la puissance coloniale française qui a occupé l'Algérie pendant près d'un siècle et demi, de 1830 à 1962.
Aït-Ahmed a préféré reposer pour l'éternité tout près du petit mausolée où est enterrée une partie de sa famille, en particulier son aïeul Cheikh Mohand Oulhoucine, poète et maitre soufi décédé en 1901 et toujours révéré dans la région.
Dans la lignée de Hocine Aït-Ahmed figure aussi Lalla Fadha N'soumer, surnommée la "Jeanne d'Arc algérienne" pour avoir organisé toute jeune la résistance aux troupes du maréchal Jacques Randon qui dirigea en 1857 l'expédition française en Kabylie à la tête de 35.0000 soldats.
-Opposant inflexible-
Parti d'Alger, le cortège funèbre est arrivé vers 11H30 (10H30 GMT) au village. "Nous sommes ici pour dire que le combat d'Aït-Ahmed en faveur de la démocratie et de la liberté ne restera pas vain", a témoigné un avocat, Mokrane Ait-Larbi.
Une veillée mortuaire avait été organisée dans la capitale au siège de son parti, le Front des Forces Socialistes (FFS), qu'il a fondé en 1963 après avoir rompu avec ses frères d'armes ayant combattu la puissance coloniale française jusqu'à l'indépendance en 1962.
Ses funérailles ont été retransmises en direct par la télévision nationale, ce qui tranche avec le sort de celui qui a été souvent malmené par les médias officiels en raison de son opposition au régime.
Aït-Ahmed était le dernier survivant des neuf "fils de la Toussaint", les chefs qui ont déclenché la guerre d'Algérie contre la puissance coloniale française le 1er novembre 1954.
Devenu opposant inflexible, il a refusé de prendre la présidence offerte en 1992 par les généraux qui ont annulé les résultats des premières élections législatives pluralistes du paysn a révélé cette semaine un ancien haut dirigeant. Les militaires entendaient barrer la route du pouvoir aux islamistes qui avaient remporté le scrutin. "Ni Etat policier ni Etat intégriste", était son crédo dans la décennie de guerre civile.
Le président algérien a rendu hommage à ce "grand homme" ayant "accompli avec abnégation et dévouement son devoir de militant et de moujahid". Le président français François Hollande a salué "l'une des grandes figures historiques (de l'Algérie), artisan de premier plan de son indépendance, et acteur engagé de la vie politique".
Envie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nousEnvie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nous
L'espace des commentaires est ouvert aux inscrits.
Connectez-vous ou créez un compte pour pouvoir commenter cet article.