Les talibans, qui ont encore accentué leur insurrection depuis le printemps, sont coutumiers des attentats suicide contre des symboles de la présence étrangère en Afghanistan, que ce soit des restaurants, des maisons d'hôtes ou, le plus souvent, les quelque 13.000 soldats de l'Otan déployés dans le pays.
L'attentat suicide de vendredi visait "Le Jardin", un restaurant de cuisine française appartenant à un Afghan, situé dans le quartier central de Qala-e-Fatullah où résident de nombreuses ONG étrangères.
"Ce soir (vendredi), une attaque a été menée contre un restaurant d'envahisseurs étrangers", a indiqué sur Twitter Zabiullah Moudjahid, porte-parole habituel des insurgés. Le chef de la police judiciaire de Kaboul, Fraidoun Obaïdi, et une source occidentale ont confirmé à l'AFP que la cible était bien "Le Jardin".
"Quatre Afghans ont été blessés et hospitalisés", a indiqué Mohammed Ismaïl Kawoosi, porte-parole du ministère de la Santé.
Un photographe de l'AFP a indiqué qu'un cordon de police avait été établi autour du site et que de la fumée provenant du restaurant s'élevait dans le ciel.
L'entrée du "Jardin" est fortement sécurisée. Plusieurs sas et des hommes armés en protègent l'accès. L'établissement propose une cuisine d'inspiration française et est populaire auprès de la communauté étrangère de Kaboul.
- Les étrangers souvent visés -
Les talibans considèrent les étrangers présents en Afghanistan comme des "envahisseurs". En janvier 2014, le restaurant libanais "La Taverne du Liban", dans le centre de Kaboul, avait été visé par les insurgés. Au total 21 personnes, dont 13 étrangers, avaient été tuées. Un peu moins d'un an plus tard, le 11 décembre 2014, un taliban s'était fait exploser près d'une foule qui assistait à une pièce de théâtre au centre culturel français, faisant un mort et plus d'une quinzaine de blessés. Le centre est depuis fermé.
L'attentat de vendredi, le premier de l'année à Kaboul, survient un peu plus d'une semaine avant une importante réunion quadripartite entre la Chine, les Etats-Unis, le Pakistan et l'Afghanistan, destinée à dresser une feuille de route pour reprendre les négociations de paix avec les rebelles talibans, interrompues l'été dernier. Cette réunion doit avoir lieu le 11 janvier au Pakistan.
Kaboul estime ne pas pouvoir se passer de son voisin pakistanais pour relancer des pourparlers de paix moribonds destinés à mettre fin à l'insurrection des talibans qui dure depuis la chute de leur régime en 2001.
Le Pakistan avait accueilli cet été sur son sol des pourparlers inédits entre le gouvernement afghan et les talibans, sous l'égide de la Chine et des Etats-Unis. Un deuxième round devait avoir lieu dans la foulée, mais il a été suspendu sine die après l'annonce de la mort du mollah Omar, fondateur du mouvement taliban.
Après une amorce de rapprochement avec Islamabad au début de son mandat l'an dernier, le président afghan Ashraf Ghani a accusé cet été le Pakistan d'être derrière une série d'attentats meurtriers à Kaboul.
Mais au début du mois, M. Ghani s'est rendu à un sommet régional à Islamabad. Il a rencontré le Premier ministre Nawaz Sharif et dit sa volonté de reprendre le dialogue avec les talibans.
Les insurgés ont étendu leur combat à l'ensemble de l'Afghanistan depuis le printemps et ne se contentent plus d'affronter les forces de sécurité afghanes dans leurs fiefs de l'est et du sud du pays. Ils ont ainsi réussi à envahir puis à tenir la grande ville de Kunduz, au nord du pays, pendant trois jours fin septembre.
D'après des analystes interrogés par l'AFP, les talibans durcissent leur insurrection pour arriver en position de force lors d'éventuelles négociations avec le gouvernement de Kaboul.
Envie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nousA lire aussi
Envie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nous
L'espace des commentaires est ouvert aux inscrits.
Connectez-vous ou créez un compte pour pouvoir commenter cet article.