De nombreux policiers et volontaires étaient déployés pour contrôler la mise en oeuvre de cette expérimentation, dans une ville où les règles du code de la route, en temps normal, sont allègrement contournées.
Jusqu'au 15 janvier, les véhicules privés dotés de plaques d'immatriculation impaires rouleront les jour impairs et les autres les jours pairs.
La restriction court de 08h00 à 20h00, mais pas le dimanche. Et elle ne concerne pas les VIP, les femmes seules et les deux-roues qui contribuent pourtant beaucoup au brouillard ambiant.
Sur l'une des principales avenues de la capitale, la plupart des véhicules étaient effectivement dotés de plaques impaires, tandis que de nombreux cyclistes portant gilets fluorescents et masques de protection pédalaient vers leur travail.
"La circulation est clairement moins intense aujourd'hui", confirme Mohammad Shahid, un volontaire de 58 ans posté à l'un des carrefours les plus denses de Delhi.
"Mais je ne sais pas si c'est à cause de la circulation alternée ou du fait que les gens ont trop fait la fête hier."
Des agents de circulation se sont de leur côté étonnés de l'apparent civisme des automobilistes.
"J'étais convaincu que j'allais intercepter des dizaines de véhicules pendant la première demi-heure. Mais curieusement, les gens ont appliqué la consigne", a déclaré Ankit Kumar, un policier. "On verra lundi!"
Quelques resquilleurs toutefois se sont vus imposer à cette intersection l'amende de 2.000 roupies (28 euros), coquette somme pour bon nombre d'habitants.
L'initiative avait été annoncée début décembre pour répondre à l'inquiétude grandissante face à des niveaux de pollution 10 fois plus élevés que les normes fixées par l'Organisation mondiale de la santé (OMS).
Une étude menée en 2014 par l'agence onusienne sur 1.600 villes du monde a montré que Delhi affiche la plus haute concentration annuelle de particules fines à pm 2,5, c'est-à-dire d'un diamètre de 2,5 microns.
Ces particules, qui s'installent profondément dans les poumons et peuvent passer dans le système sanguin, sont responsables de taux plus élevés que la moyenne de bronchites chroniques, cancers du poumon et maladies cardiaques.
Déjà plus de 8,5 millions de véhicules circulent dans les rues et sur les avenues de Delhi, auxquels s'ajoutent 1.400 nouvelles voitures chaque jour. Les seuils de pollution grimpent encore en hiver, lorsque des milliers d'Indiens allument des feux pour se chauffer.
Un peu moins de trois millions de ces véhicules sont privés, donc concernés par la circulation alternée.
Les sceptiques pensent que les Indiens seront nombreux à recourir au "jugaad", technique qui consiste à trouver une solution alternative pour pas trop cher, à savoir en se procurant de fausses plaques ou en achetant une deuxième voiture bon marché.
Delhi a indiqué que la mesure pourrait être généralisée si l'expérience s'avérait concluante. Le chef de l'exécutif, Arvind Kejriwal, a lui-même promis de recourir au covoiturage.
"Ce projet ne sera un succès que quand il aura engendré un vaste élan, quand les gens accepteront avec leur coeur de l'appliquer", a-t-il déclaré en exhortant la population à coopérer.
"Ne le faites pas parce que Kejriwal ou l'exécutif vous le demandent! Faites-le parce que vous sentez que c'est important pour votre vie et votre santé!"
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