La statue place de la République s'est muée en mausolée visité par les touristes, lourds caméras et objectifs en bandoulière, comme par les riverains, qui y passent forcément.
Venue en "hommage" devant le monument, Lila Rehane, Marseillaise de 49 ans, depuis dix jours à Paris, voudrait voir "la paix" revenir l'an prochain, après une année 2015 d'"angoisse", de "menace qui plane".
"Mon premier choc a été de prendre le métro, qui n'est pas surveillé, où n'importe qui peut rentrer", commente-t-elle, tenant son petit chien en laisse.
A ses côtés, son amie Mira Bouiche, 56 ans, raconte la même crainte quand elle est récemment allée voir Star Wars au cinéma. "Mais les forces de l'ordre ne peuvent pas surveiller tous les lieux. N'importe quoi peut de toute façon se produire. Alors on ne va pas rester chez nous", lance-t-elle.
Anne-Françoise Cohn et son mari Christian, la petite soixantaine, s'apprêtent à rejoindre un théâtre voisin. Les lieux de culture sont "moins fréquentés", constate cette enseignante. "C'est pour ça que c'est bien d'aller au théâtre ici un 31 décembre".
"Ce qu'on peut souhaiter, c'est que les gens sortent à nouveau, qu'ils consomment, créent des emplois", opine Christian, après une "sale année" faite d'"abattement".
- "L'ambiance s'améliorera" -
Pour 2016 ? "Il faudrait qu'on arrête de fabriquer des terroristes dans les zones urbaines sensibles", note ce cadre dans une banque.
Quelques centaines de mètres plus loin, Walid Abdelhamid, commerçant de 28 ans, espère lui que "l'ambiance s'améliorera", "que les gens arrêteront de se prendre la tête pour des questions de religion".
Sur les réseaux sociaux, des jeunes musulmanes racontent se faire cracher dessus parce qu'elles sont voilées, se désespère-t-il. "Maintenant, un arabe, un musulman, c'est un terroriste".
"Quand la question religieuse sera réglée, tout sera réglé, même les problèmes économiques", pronostique Walid, qui voit lui aussi 2015 comme une "année de merde".
Financièrement parlant, "2015 a commencé avec les attentats de Charlie Hebdo, au premier jour des soldes d'hiver. Ca nous a massacré. Les attentats du 13 novembre étaient juste avant les fêtes de Noël. On est à moins de 70% de chiffre", remarque-t-il.
Le 11e arrondissement a connu deux vagues d'attentats en 2015. Le 7 janvier, l'attaque de Charlie hebdo avait fait 12 morts. 130 personnes ont ensuite été tuées le 13 novembre, dont 90 dans le Bataclan.
Venu montrer les fleurs et messages à l'un de ses amis devant le bar A la bonne bière, l'une des cibles du 13 novembre, Zacharia, 15 ans, ne semble pas trop affecté. "Ca n'a pas changé ma vie", observe-t-il. "C'était même une bonne année, j'ai eu mon brevet en fin de 3e".
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