"C'était notre rêve de passer Noël et le Nouvel An en France". Tharir et Ali Merkath savourent ce moment dans le quatre-pièces refait à neuf et tout équipé par la mairie de Courdimanche (Val-d'Oise) où ils vivent "depuis deux mois et dix jours" avec leurs deux enfants.
Le souvenir du bombardement de leur maison à Bagdad, qui les a poussés à l'exode cet été, s'éloigne un peu. Aujourd'hui, Ali, 33 ans, élégante chemise noire, ne parle que d'apprendre le français au plus vite, d'accepter "n'importe quel travail" pour faire vivre sa famille puis de reprendre son métier d'origine, attaché de presse et présentateur de télévision.
Il tient à montrer le sapin de Noël qui scintille dans un coin et à célébrer la France, "pays de la liberté", "où personne ne force ta femme à porter le voile". Sa fierté? Son fils Abdullah, 5 ans, qui va à la maternelle dans le même immeuble et compte déjà, sans accent, jusqu'à 12.
Aujourd'hui, la famille vit du RSA. Un budget à surveiller, suffisant pour nourrir tout le monde, mais pas pour satisfaire les désirs de Nabaa, sa fille de 13 ans, qui "veut des vêtements comme ses copines" de collège, raconte, amusée, Tahrir.
La jeune femme de 35 ans, blessée dans le bombardement de sa maison, décrit aussi sa découverte des courses à l'hypermarché avec sa voisine, une chrétienne qui l'aide à trouver les produits hallal.
Formée en Irak à la garde d'enfant, Tahrir espère pouvoir faire valoir ses diplômes en France, une fois apprise cette langue "difficile où on ne prononce pas tous les lettres écrites!"
Mais tout d'abord, le couple a enchaîné les formations prévues par le contrat d'intégration qu'ils ont signé avec l'État français: "vivre et accéder à l'emploi en France", "formation civique". En janvier, ils commenceront les 260 heures de cours de français prévues par l'Opfra (Office français de protection des réfugiés et apatrides).
Depuis un mois, Ali a aussi passé le plus clair de son temps dans les démarches administratives, en particulier pour obtenir sa carte de résident. Banque, téléphone, travail : sans cette carte, tout est plus compliqué.
"Ca fait un mois que j'ai déposé tous les papiers", s'étonne-t-il devant le responsable local du Secours populaire qui les suit. Les délais administratifs sont bien trop longs pour un fils qui espère au plus vite être autorisé à voyager et à rendre visite à sa mère malade en Iran.
Mais "ma situation est meilleure que celle de mes deux frères" qui sont en Allemagne, "on a obtenu des papiers et un logement plus vite".
Il assure que bientôt il n'aura plus "besoin d'un interprète". D'ici là, celle du Secours populaire lui fait encore répéter quelques mots, en prévision de leur virée nocturne sur les Champs-Elysées pour le réveillon. Tout sourire, Ali claironne: "bonne année et meilleurs voeux".
Envie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nousEnvie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nous
L'espace des commentaires est ouvert aux inscrits.
Connectez-vous ou créez un compte pour pouvoir commenter cet article.