Malgré le calme régnant à Bangui, l'attente des résultats suscitait déjà quelques inquiétudes sécuritaires. Avant la nouvelle année, le gouvernement a interdit jeudi les "explosions de pétards" et l'usage d'"armes automatiques" (festif) par les civils ou les militaires, selon un communiqué.
Le Centre de traitement des données dans Bangui était jeudi sous bonne garde de Casques bleus, a constaté l'AFP. Un blindé était positionné et des chicanes en ciment ont été installées devant le bâtiment pour éviter toute éventuelle attaque intempestive de supporteurs de candidats mécontents.
A l'intérieur, dans une vaste cour, des piles d'urnes en plastique transparent attendaient d'être ouvertes pour être vérifiées.
Dans une salle où des agents vérifiaient la validité des résultats provenant du premier arrondissement de Bangui, plusieurs anomalies ont notamment été relevées dans le rendu des bureaux de vote: absence d'une liste électorale, parfois carrément absence des bulletins de vote, ainsi qu'un net différentiel entre le nombre de votants et le nombre de suffrages comptabilisés au final.
Lors d'un point de presse, l'Autorité nationale des élections (ANE) a fait état jeudi après-midi "de difficultés logistiques". Pour les législatives, "il y a aussi eu des erreurs d'impression de bulletins dans certaines circonscriptions" et dans d'autres, "des bulletins de vote ne sont pas parvenus" aux centres de compilation, a reconnu son porte-parole Julius Ngouade Baba.
Il a appelé les candidats des circonscriptions concernées à exercer, s'ils le souhaitent "leur voie de recours auprès de la Cour constitutionnelle", précisant que l'ANE se conformera ensuite aux décisions de la juridiction pour organiser d'éventuelles élections partielles.
L'Union européenne, tout en saluant "la forte mobilisation" des électeurs, a averti jeudi que "la centralisation des résultats et le traitement des contentieux seront particulièrement importants pour la crédibilité des élections".
Le vote de mercredi, qui s'est déroulé sans incidents sérieux, s'est prolongé parfois tard dans la nuit dans les bureaux qui avaient ouvert en retard en raison de lenteurs dans l'arrivée et la mise en place du matériel électoral, à Bangui comme en province.
Pour le chef de la Mission des Nations unies (Minusca), Parfait Onanga-Anyanga, la participation importante et l'absence d'incidents violents ont été "un succès".
- Les favoris satisfaits -
Sans surprise, les favoris parmi la trentaine de candidats à la présidentielle se disent jeudi déjà "satisfaits" de leurs résultats.
"Les résultats sont très très satisfaisants, a déclaré à l'AFP l'un d'eux, Martin Ziguélé, ancien Premier ministre. Mon parti (le MLPC) fait de bons scores dans les zones où nous sommes peu implantés et dans +nos+ régions c'est un score à la soviétique!".
L'entourage d'Anicet Georges Dologuélé, lui aussi ancien Premier ministre, se dit également satisfait. Selon sa cellule de compilation des données, il arrive "largement en tête" dans la plupart des arrondissements de Bangui et dans plusieurs préfectures de province.
L'autre favori, Karim Meckassoua, plusieurs fois ministre, n'était pas joignable.
Le nom d'un outsider, Archange Touadéra, ancien Premier ministre du président François Bozizé lors de son renversement en 2013, est aussi souvent avancé comme étant en bonne position par différentes sources non officielles.
François Bozizé, sous le coup de sanctions internationales, n'a pas pu se présenter.
Dans ce très pauvre pays de 4,8 millions d'habitants, essentiellement rural, les électeurs ont participé massivement et dans le calme à la présidentielle et aux législatives qui étaient organisées en même temps, des scrutins plusieurs fois reportés, tant en province que dans la capitale.
Les forces internationales (ONU et française Sangaris) se sont fortement mobilisées pour assurer la sécurité du vote, avec une montée en puissance des éléments des Forces armées locales (FACA), qui ont l'avantage de bien connaître le terrain.
Le renversement du président Bozizé, en mars 2013, par la rébellion à dominante musulmane Séléka de Michel Djotodia a précipité le pays dans un cycle de violences intercommunautaires qui a culminé fin 2013 avec des massacres et le déplacement de centaines de milliers de personnes, contraintes de fuir les exactions des combattants Séléka et des miliciens essentiellement chrétiens anti-balaka.
M. Djotodia a finalement été contraint à la démission début 2014, dans la foulée d'une intervention militaire internationale sous la conduite de la France, ancienne puissance coloniale.
La Centrafrique souffre d'une économie détruite, sous perfusion des bailleurs internationaux qui, France en tête, ont poussé à l'organisation rapide d'élections malgré l'insécurité.
Les résultats définitifs de la présidentielle ne sont pas attendus avant une semaine et un probable second tour est prévu le 31 janvier.
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