Passé le choc des attentats, les fêtes de fin d'année reprennent difficilement leurs droits à Paris. Si les rues et les magasins restent très calmes par rapport aux autres années, certains lieux de fête voient le public revenir peu à peu.
Il y a un peu plus d'un mois Adline Falck regardait une patinoire vide depuis son stand au marché de Noël des Champs-Élysées, espérant servir son vin chaud à des clients qui ne venaient pas. Aujourd'hui, elle s'active derrière ses fûts avec le crissement des patins à glace en fond sonore.
"Ça fait trois semaines que les gens ressortent, ça commence à ressembler aux autres années", s'enthousiasme la jeune fille. "Même si sur la saison, ça ne rattrape pas tout."
Comme elle, des commerçants qui avaient perdu le sourire en novembre l'ont quelque peu retrouvé. Alors que le marché devrait être prolongé jusqu'au 10 janvier, les manèges ne sont plus désertés, et les vendeurs soupirant seuls sont devenus minoritaires. Mais on fait rarement la queue pour une attraction ou un stand.
"Il y a moins de monde que les autres années", remarque Mathieu, accompagné de Myriam et de leurs deux enfants. Pour ce couple de Franciliens, le marché de Noël est un passage habituel lorsqu'ils passent les fêtes à Paris. "On n'a pas hésité, on s'est dit que ce serait sécurisé", dit Myriam. "On réfléchirait peut-être davantage avant d'aller dans une salle de concert", nuance son compagnon.
- Rebond mitigé pour l'industrie du spectacle -
Selon le Prodiss, qui regroupe 340 entrepreneurs du spectacle, les ventes affichaient un repli de 40% fin novembre par rapport à la même période de 2014. En décembre le syndicat note que la baisse s'atténue, notamment grâce aux têtes d'affiches, mais les spectateurs délaissent toujours les divertissements familiaux, fortement touchés.
Une explication également envisagée par la Réunion des musées nationaux, qui gère le Grand Palais et le Musée du Luxembourg. Après une baisse de fréquentation de 50% après les attentats, le groupe a connu un léger mieux: "pour l'exposition Picasso Mania, qui s'adresse peut-être à un public familial, on reste entre -20% et -30%, mais pour l'exposition Élisabeth Vigée Le Brun, qui s'adresse peut-être à un public plus âgé, on retrouve celle d'avant les attentats", explique une responsable de communication.
De son côté, le spectacle d'acrobates de la compagnie XY à la Grande Halle de la Villette ne remplissait que la moitié de la salle après les attentats, souffrant de l'interdiction des sorties scolaires. A l'approche des fêtes, il a retrouvé son public jusqu'à faire salle comble pour ses dernières représentations.
La tendance semble donc s'améliorer. La dernière semaine de décembre, le public a commencé à réinvestir le célèbre Moulin Rouge, faisant passer la baisse de fréquentation de -30% à -20% par rapport à 2014, selon la salle. Et si sa soirée du 31 peine à séduire autant qu'à l'accoutumée (-20%), les organisateurs espèrent bien séduire encore quelques fêtards.
Une Saint-Sylvestre qui pourrait être révélatrice de l'état d'esprit dans la capitale. Un temps menacées, les célébrations du 31, puis la parade du 1er janvier sur les Champs-Élysées auront finalement lieu, dans une version allégée. Un feu d'artifice a été annulé, les projections lumineuses seront plus courtes, et la circulation aux voitures sera rouverte plus tôt que d'habitude.
Reste à savoir si comme l'année dernière près de 600.000 personnes iront fêter la nouvelle année sur la "plus belle avenue du monde". Pour Kaï Larson, une jeune américaine vivant à Paris, c'est simple: "les terroristes ont visé n'importe quel bâtiment, donc soit tu as peur de tout et ils ont gagné, soit tu sors."
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