Les Centrafricains ont commencé à voter mercredi matin pour une présidentielle et des législatives, une étape importante censée les sortir de trois ans de violences intercommunautaires qui ont entraîné ce pays très pauvre dans une crise sans précédent.
A Bangui, les bureaux ont commencé à ouvrir avec du retard et à 08H00 (07H00 GMT) les opérations n'avaient pas débuté autour de l'enclave musulmane du PK-5 ou encore dans le 2e arrondissement, en raison de problèmes d'acheminement du matériel, notamment des bulletins de vote des législatives, alors que le vote était censé débuter à 06H00, a constaté un journaliste de l'AFP.
Les électeurs, alignés dans de longues files d'attente, y patientaient dans le calme en début de matinée. "On va élire un bon président pour le pays", assurait Lucie, une jeune électrice.
Les Casques bleus ainsi que des policiers centrafricains étaient déployés en nombre dans la ville.
Prévus le 27 décembre dans la foulée du référendum constitutionnel du 13 décembre, après plusieurs reports dus à l'insécurité persistante dans plusieurs régions sous la coupe de bandes armées, ces scrutins avaient été de nouveau reportés au 30 décembre.
Un dernier report dû essentiellement aux retards d'acheminement des bulletins de vote dans les zones reculées, à la tardive impression et distribution des cartes électorales et à une ultime formation d'agents électoraux.
Pour le référendum, beaucoup de résultats ont été écartés en raison de mauvaises procédures de validation de votes.
L'Autorité nationale des élections (ANE) dit avoir pris en compte ces problèmes et tenté de les résoudre. Face aux inévitables "ratés" de ces derniers jours dans un pays déstructuré (ventes de cartes électorales, impression de trois cartes au nom du même électeur.) son président, Julius Ngouade Baba en a appelé "à la sérénité des électeurs et des candidats".
Dans ce pays de 4,8 millions d'habitants, essentiellement rural, les Centrafricains se sont massivement inscrits sur les listes électorales.
- Trente candidats, trois favoris -
Trente candidats sont en lice pour la présidentielle. Le nombre des candidats députés (1.800 au départ) n'avait pas encore été officialisé mardi, en raison de recours suite à des invalidations.
Trois personnalités émergent dans la course à la présidence: deux anciens Premiers ministres, Anicet Georges Dologuélé et Martin Ziguélé, ainsi que Abdoul Karim Méckassoua, plusieurs fois ministre.
Tous ont battu campagne jusqu'au dernier moment lundi, à coups de distribution de tee-shirts et de francs CFA, tant à Bangui qu'en province pour les plus fortunés qui se déplacent en avion dans un vaste pays aux routes défoncées.
Le renversement du président François Bozizé, en mars 2013, par la rébellion à dominante musulmane Séléka de Michel Djotodia a précipité le pays dans un cycle de violences intercommunautaires qui a culminé fin 2013 avec des massacres et le déplacement de centaines de milliers de personnes.
Michel Djotodia a finalement été contraint à la démission début 2014, dans la foulée d'une intervention militaire internationale sous la conduite de la France, ancienne puissance coloniale.
Dirigée depuis par la présidente de transition Catherine Samba Panza, la Centrafrique a une économie détruite, sous perfusion des bailleurs qui, France en tête, ont poussé à l'organisation rapide d'élections malgré l'insécurité persistante.
Les trois derniers chefs d'Etat sont exclus du scrutin. MM. Bozizé et Djotodia, en exil, sont sous le coup de sanctions internationales et la Charte de transition interdisait à Mme Samba Panza d'être candidate.
-Sécuriser le vote-
Le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon a appelé mardi la Centrafrique "à faire en sorte que les élections soient conduites de manière pacifique et crédible".
La Mission des Nations unies (Minusca) était mobilisée mercredi pour assurer la sécurité du vote.
Les forces nationales (armée, gendarmerie, police) étaient également de plus en plus présentes notamment dans les points de friction entre milices anti-balaka majoritairement chrétiennes et animistes et ex-rébellion Séléka. Mais aussi à l'intérieur même du PK-5 à Bangui, où pour le référendum, des extrémistes de la Séléka ont tué cinq habitants désireux de voter.
La force française Sangaris, elle, a été déployée en deux points chauds potentiels: à Bossangoa, fief de François Bozizé dans l'ouest, et à Kaga Bandoro, à l'entrée de la zone où l'ex-Séléka reste présente.
Depuis le référendum, la situation s'est calmée et le chef de la faction radicale de la Séléka, Nourredine Adam, a été "invité" à se rendre à N'Djamena par le président tchadien Idriss Déby Itno, dont l'influence sur son voisin reste importante.
Même absence de provocation ces derniers jours du côté des anti-balaka, maintenant divisés en deux factions.
Vu l'inflation du nombre de candidats, les opérations de dépouillement des résultats s'annoncent longues. Un éventuel et probable second tour est prévu le 31 janvier.
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