Le projet de déchéance de nationalité pour les binationaux reconnus coupables de terrorisme, qui divise à gauche et au PS dont la haute autorité éthique a été saisie, est approuvé par une forte majorité des Français, selon un sondage publié mardi soir.
Près de 9 Français sur 10 sont favorables au projet, les deux tiers jugeant cette mesure compatible avec les valeurs de gauche, selon ce sondage Elabe pour BFMTV.
86% des Français interrogés se déclarent "tout à fait" ou "plutôt" favorables à cette mesure du projet de réforme constitutionnelle, un chiffre qui atteint 96% chez les sympathisants des Républicains (LR) et 97% chez ceux du Front national. Les sympathisants de la droite et du centre sont en moyenne 93% à soutenir le projet de l'exécutif, contre 73% à gauche.
Ce chiffre masque cependant d'importantes disparités: les sympathisants socialistes sont ainsi 83% à le défendre, contre 59% seulement des soutiens du Front de gauche et d'Europe Ecologie-Les Verts (EELV), selon l'étude.
Deux tiers des Français (67%) et trois quarts des sympathisants socialistes (74%) estiment par ailleurs que cette mesure qui a créé un profond malaise dans les rangs de la majorité, n'est "pas contraire" aux valeurs de la gauche.
Seuls les sympathisants du Front de gauche sont une majorité (54%) à estimer qu'elle est "tout à fait" ou "plutôt" contraire à ces valeurs. 66% des soutiens de la droite et du centre et 59% de ceux du FN la juge compatible, ajoute encore le sondage.
Le projet de réforme constitutionnelle, adopté par le Conseil des ministres le 23 décembre et examiné à l'Assemblée à partir du 3 février, continue pourtant à faire grincer des dents au parti socialiste, au point que des militants, au nom des "valeurs" défendues par leur parti, ont annoncé avoir saisi la haute autorité éthique du parti.
- "Sens de la mesure" -
Le texte, cosigné par plus d'une centaine de membres du PS, dénonce les récentes déclarations du Premier ministre Manuel Valls défendant son projet et jugées contraires à la "déclaration de principe" du PS.
Toujours au PS, le député Kader Arif, ancien secrétaire d'Etat et fidèle de François Hollande, a annoncé qu'il voterait contre le projet en exprimant son inquiétude que les binationaux deviennent "à terme des Français de deuxième zone".
Pour Jean-Luc Mélenchon, porte-voix du Parti de gauche, François Hollande et Manuel Valls vont créer "un statut de +Français de souche+ à qui on ne peut retirer la nationalité au prétexte de +punir+ les terroristes à qui on pourrait la retirer".
Le député François de Rugy (Ecologistes!) a appelé "chacun à garder le sens de la mesure et à revenir au contenu de la réforme constitutionnelle, et à elle seule", s'estimant "effaré" par les "comparaisons historiques et les amalgames honteux".
A droite, largement en faveur du projet, Frédéric Lefebvre, député LR des Français de l'étranger, a annoncé qu'il voterait pour le projet tout en jugeant "sans intérêt" le débat qui l'entoure.
Son collègue Henri Guaino a de son côté proposé de recourir au référendum sur la réforme constitutionnelle qui inscrit la mesure et l'état d'urgence dans la loi fondamentale, un sujet sur lequel s'exprimera certainement M. Hollande lors de ses v?ux du 31 décembre.
L'ex-ministre Benoist Apparu (Les Républicains), proche d'Alain Juppé, a annoncé en revanche qu'il voterait contre la déchéance de nationalité mais pour l'ensemble du projet de loi constitutionnelle.
M. Apparu a tiré tous azimuts en reprochant à François Hollande de ne penser qu'à 2017 mais en critiquant aussi la droite pour sa participation à un "concours Lépine où chacun trouvera l'idée la plus fine, la plus astucieuse qui soit pour essayer de se droitiser au maximum".
Guillaume Larrivé, député (Les Républicains) de l'Yonne, a ainsi déposé une proposition de loi visant à inscrire la notion d'"assimilation à la communauté française" dans la Constitution.
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