Deux hommes soupçonnés d'être impliqués dans des violences le soir de Noël dans un quartier populaire d'Ajaccio ont été mis en examen et l'un d'eux a été écroué, mardi soir, tandis que les pompiers ont appelé à préserver le calme revenu lundi, après un week-end de débordements racistes.
L'un des suspect, âgé de 18 ans et connu des services judiciaires, a été mis en examen pour "dégradations par un moyen dangereux", et écroué pour avoir mis feu à des palettes dans l'après-midi du 24 décembre, a indiqué à l'AFP le procureur d'Ajaccio Eric Bouillard.
Le second suspect, âgé de 19 ans et inconnu des services de police, a été mis en examen pour "complicité de dégradations" et placé sous contrôle judiciaire. Tous deux ont été mis en examen pour "intrusion dans un établissement public", une école qui avait été visitée.
En théorie, ces délits sont passibles de dix ans de prison.
A ce stade, les enquêteurs n'ont pas relié directement ces deux hommes à l'agression de pompiers, appelés pour des feux de palettes dans la nuit du 24 au 25, dans le même quartier populaire des Jardins de l'Empereur.
"S'en prendre aux pompiers, c'est se mettre en dehors de la civilisation", a lancé l'indépendantiste Jean-Guy Talamoni, nouveau président de l'Assemblée de Corse, qui a pris la parole en fin de matinée aux côtés des pompiers, dans la cour de la caserne d'Ajaccio.
Quelques centaines de personnes se sont réunies dans le calme, a constaté un journaliste de l'AFP, pour écouter cette conférence de presse, au cours de laquelle les représentants des pompiers ont appelé une nouvelle fois au calme, tout en se montrant fermes sur les violences.
"Nous pensons que le message d'un meilleur vivre-ensemble a été entendu et que le temps de l'apaisement et des actions concrètes est venu", a déclaré à la tribune l'adjudant-chef Jean-François Suzini.
"Nous ne pouvons nous résoudre à devoir nous adapter à des violences urbaines telles que peuvent les subir nos collègues continentaux", a ajouté l'adjudant-chef. "Nous ne tolèrerons plus d'autres agressions" et "nous refusons catégoriquement d'intervenir sous escorte policière", a-t-il ajouté.
Des représentants de sauveteurs en mer et du Samu étaient venus montrer leur soutien avec leurs collègues.
"Que ce soit les pompiers, les sauveteurs, les gendarmes, le Samu ou la police, () on ne peut pas accepter d'être agressés", a expliqué Patrick Sumureau, venu avec une dizaine de confrères sauveteurs en mer.
A la fin de la conférence de presse, la foule a entonné un Dio Vi Salve Regina, considéré comme le grand hymne corse.
- "Peur que ça recommence" -
Mardi, le calme régnait et aucun membre des forces de l'ordre n'était visible dans le quartier des Jardins de l'Empereur, où des incidents avaient eu lieu d'abord l'après-midi du 24, avant l'agression de deux pompiers et d'un policier, attirés dans une embuscade durant la nuit de Noël.
Ces événements avaient déclenché des protestations et des manifestations quotidiennes de plusieurs centaines de personnes dans ce quartier, pendant trois jours. Vendredi, une salle de prière musulmane avait été saccagée, en marge de la première marche et celle-ci avait été émaillée de propos racistes, comme "Arabi fora" (les Arabes dehors), des propos également repris lors de la manifestation de samedi.
Ces dérapages avaient conduit le préfet de Corse Christophe Mirmand à prendre un arrêté d'interdiction de manifester dans le quartier.
"C'est calme, même trop calme. Maintenant les gens ont peur que ça recommence", a témoigné mardi un commerçant, qui souhaitait que "les gens qui ont fait ça" soient "attrapés" par la police.
Lundi, les policiers ont tenté d'interpeller un troisième homme, soupçonné d'avoir participé aux incidents de l'après-midi du 24, selon une source judiciaire. Mais lorsque ils sont arrivés, celui-ci avait déjà pris la fuite et il aurait quitté la Corse, a-t-on précisé de même source.
Selon cette source, un proche de cette personne a été conduit au commissariat pour y être entendu en tant que témoin.
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