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Damas (AFP). Dans la Syrie en guerre, le calvaire des déplacés pour se loger

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Damas (AFP). Dans la Syrie en guerre, le calvaire des déplacés pour se loger
Le Syrien Abou Zyad vend des cigarettes devant son pick-up à Damas, le 17 décembre 2015 - AFP
Le pick-up d'Abou Zyad est devenu son dernier refuge au coeur de la capitale syrienne Damas: depuis qu'il a fui les combats dans son village, c'est là qu'il dort, après de longues matinées passées à vendre des cigarettes aux passants. Comme ce père de famille de 62 ans, plus de 7,6 millions de Syriens ont été déplacés par le conflit qui ravage leur pays depuis mars 2011 et qui a fait plus de 250.000 morts. "Cette voiture, c'est comme ma femme, je lui parle le matin et le soir, elle m'offre un refuge. Je l'ai achetée en 1978 et on a vieilli ensemble", lance Abou Zyad, qui a fui en 2012 la guerre à Sbina, au sud-ouest de Damas, avec son épouse et leurs neuf enfants. Depuis, sa femme est décédée et un de ses fils a été tué par un tir d'obus. Ses autres enfants occupent avec leur famille des appartements exigus dans la banlieue de Damas tandis que lui dort dans sa camionnette blanche toute cabossée. "Je ne peux pas rentrer chez moi à cause des combats, je ne peux pas louer de logement car les prix sont élevés et je n'ai pas de quoi payer les transports pour aller dormir chez mes enfants", se désole Abou Zyad, emmitouflé dans une écharpe grise et un blouson noir. Avant, il utilisait sa camionnette pour transporter des réfrigérateurs à travers Damas. Mais les pannes répétées du véhicule et le manque de fonds pour le réparer l'ont obligé à s'installer sur la place animée d'Al-Marjé, au coeur de la capitale. Aussitôt réveillé, il dresse chaque matin son modeste étalage en bois devant son pick-up et vend des cigarettes. Les nuits d'hiver, il se chauffe près d'un feu de fortune. En été, un mur lui procure de l'ombre pour se protéger du soleil brûlant. Quand les ventes sont bonnes, il peut se permettre de louer un lit dans une chambre commune d'un petit hôtel ou bien de rendre visite à ses proches. - Des insectes et des bêtes - "Plus de 2,3 millions de logements ont été détruits en Syrie. Ces habitations abritaient près de sept millions de personnes qui se sont déplacées vers d'autres régions", explique à l'AFP Ammar Youssef, un économiste qui prépare une étude sur les destructions causées par le conflit. La reconstruction de ces logements et de l'infrastructure détruite à travers le pays est évaluée à 250 milliards de dollars (228 milliards d'euros), selon le chercheur. "La banlieue de Damas fait partie des régions les plus touchées, des localités entières ont été rayées de la carte", précise M. Youssef. Après la capitale, c'est la ville de Homs dans le centre de la Syrie qui compte le deuxième plus lourd bilan avec "800.000 logements détruits", ajoute-t-il. M. Youssef estime par ailleurs que le pays, où quatre Syriens sur cinq vivent dans la pauvreté ou la misère selon l'ONU, a besoin "en urgence" de trois millions de logements pour faire face à la crise. Le taux d'occupation des logements du pays a ainsi grimpé en flèche, "passant de cinq personnes en moyenne par habitation avant la guerre à 20 personnes aujourd'hui". Dans la périphérie de Damas, des centaines de familles s'entassent dans des immeubles en construction qui s'alignent le long de rues boueuses jonchées d'ordures. Les portes et fenêtres, encore béantes, sont colmatées à l'aide de bâches en plastique ou de cartons pour empêcher les courants d'air. Oum Walid, ses cinq enfants et une ribambelle de petits-enfants ont fui la région de Diyabiyé, au sud de la capitale pour trouver refuge dans l'un de ces immeubles à Jaramana, une ville druzo-chrétienne de la banlieue de Damas. "Avant, chacun de mes enfants avait son propre appartement", se lamente cette femme de 52 ans, les cheveux couverts par un foulard marron. "Aujourd'hui, on habite tous ensemble pour pouvoir payer le loyer", poursuit-elle. "Il fait froid, il y a des insectes et des bêtes, on n'a ni eau ni électricité ni chauffage, on a juste un toit et des murs qui ne sont pas terminés", ajoute Oum Walid, un gilet noir par dessus sa chemise de nuit bleue ciel pour se protéger du froid. "Et malgré ça, le prix du loyer nous brise l'échine".

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