Les nouveaux dirigeants nationalistes de Corse ont fermement condamné lundi les manifestations racistes du week-end à Ajaccio, aux "antipodes" de leur conception de l'île, et pointé du doigt l'extrême droite.
"Le nationalisme corse est totalement aux antipodes de tous les phénomènes de racisme, de xénophobie ou d'exclusion", a affirmé le président de l'exécutif, Gilles Simeoni, après quatre jours de débordements à Ajaccio.
"Notre nationalisme est une démarche progressiste, qui est l'affirmation de l'existence d'un peuple, le peuple corse, et la conception du peuple corse est ouverte, généreuse, accueillante", a assuré à Europe 1 le leader nationaliste.
"Pendant la Seconde guerre mondiale, les juifs étaient protégés en Corse, il n'y a pas eu de déportation des Juifs, ce qui faisait dire à certains responsables de la communauté juive que la Corse a été l'île des Justes", a souligné le président de l'Assemblée, l'indépendantiste Jean-Guy Talamoni.
"Cette île des Justes ne peut pas accepter qu'il y ait des dégradations de lieu de culte. C'est quelque chose d'absolument incompatible avec notre tradition politique, avec notre culture", a-t-il poursuivi à France Inter, après le saccage d'une salle de prière musulmane vendredi.
Les deux dirigeants, qui appellent à l'apaisement, étaient attendus en fin de matinée à Ajaccio. Ils devaient se rendre à la caserne dont les pompiers ont été visés dans la nuit de Noël par un guet-apens dans le quartier des Jardins de l'Empereur.
"On a carrément compris qu?on n?était pas les bienvenus, ni la police, ni les pompiers, ce soir-là sur cette intervention", a témoigné Yohann, l'un des pompiers agressés. "C?était: +vous êtes pas chez vous, allez-vous en, sales Corses, cassez-vous+", a-t-il raconté.
Deux suspects, interpellés dimanche, doivent être déférés lundi ou mardi, selon le procureur de la République Eric Bouillard. Il a précisé dimanche que "leur implication dans l'agression des pompiers fait encore l'objet d?investigations".
- Extrême droite "importée" -
Ces violences ont déclenché une série de manifestations et de débordements racistes qui font l'objet d'une enquête judiciaire. Le préfet de Corse a décidé de "sanctuariser" le quartier des Jardins de l'Empereur en y interdisant tout rassemblement jusqu'au 4 janvier. Lundi matin, la situation était calme, selon une journaliste de l'AFP.
Dimanche, certains manifestants, qui ont de nouveau défilé dans plusieurs quartiers populaires d'Ajaccio, se sont désolidarisés des débordements racistes.
"On se bat contre la racaille mais pas contre les Arabes", ont scandé les meneurs. "On n'est pas des casseurs", "on n'est pas des racistes", a enchaîné le cortège qui s'est rendu à la préfecture --apposant sur ses grilles un drapeau corse à tête de Maure--et dans les quartiers Sainte-Lucie et des Cannes, avant de revenir devant les Jardins de l'empereur.
Lundi, M. Talamoni a mis en cause l'extrême droite. "On sait qu'il y a un certain nombre de groupuscules d'extrême droite qui s'agitent en Corse depuis quelques mois", a-t-il affirmé, appelant à "faire en sorte que cette greffe ne puisse pas prendre dans la société corse".
Selon lui, l'extrême droite est une "idéologie importée" et "ne devrait pas avoir droit de cité" dans l'île.
A propos des slogans racistes comme "Arabi Fora" ("Les arabes dehors"), entendus dans les manifestations, M. Talamoni a jugé que "c'est profaner la langue corse que de s'en servir pour dire des choses pareilles".
"Ce sont des gens souvent d'ailleurs qui ne pratiquaient pas très bien la langue", a-t-il insisté, évoquant "un certain nombre de tracts faits par ces groupes, ou par le FN", avec un "usage de la langue corse assez approximatif".
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