Depuis le jeudi 17 décembre et jusqu'à la veille de Noël, le seul lieu d'accueil de jour de l'agglomération Caen la mer, La Boussole sur la Presqu'île de Caen, vit au rythme des animations proposées par des artistes locaux. Concerts, ateliers scratch, impressions sur tee-shirt ou vidéos sont notamment au programme. "C'est le premier Noël que je passe loin de ma famille, alors oui c'est important qu'il y ait ce genre d'animations", assure Pierre, un Africain orienté vers ce lieu d'accueil par France terre d'asile. "Les personnes qui travaillent ici sont à l'écoute et on peut passer des coups de fil au 115 pour trouver un endroit où dormir le soir", explique-t-il. Sa demande d'asile est en cours auprès de la préfecture.
Reportage à la Boussole
Accents sur l'hygiène
Conséquence des mouvements de population actuels, près de la moitié des bénéficiaires accueillis ici sont dans son cas, alors que les lieux étaient essentiellement fréquentés par des personnes issues du droit commun, à l'ouverture en 1996. "Les places d'hébergement pour les demandeurs d'asile étant saturées sur l'agglomération, beaucoup viennent ici les lundis, mercredis et vendredis, jours d'inscription, en prévision de trouver un toit pour passer deux ou trois nuits", explique Valérie Morange, responsable de La Boussole. "Et quand le 115 ne peut pas leur trouver une place, ils sont envoyés vers la gare où ils sont accueillis par l'équipe maraude de l'association ACSEA-Trait d'union qui tente de leur dénicher une solution dans l'urgence". C'est l'errance dans l'errance.
Quiets, le long d'un mur et à proximité du sapin de Noël habillé par des bénéficiaires de La Boussole, Annick et Alain, qui se sont rencontrés ici, sont plongés dans leur lecture. Ils ont chacun été expulsés de leur logement il y a peu, pour ne pas avoir versé les derniers loyers. "L'avantage d'ici par rapport à la rue, c'est que tout le monde est à jeun, expose Alain. Et puis il y a un lien direct avec le restaurant social". Une adresse ouverte aux sans domicile fixe à la Pierre-Heuzé et où des repas sont servis gratuitement. Pour laver leur linge à La Boussole, les bénéficiaires ont la possibilité de réserver une heure par semaine. L'accès aux soins est favorisé par l'Association médicale contre l'exclusion qui dépêche quotidiennement sur place un praticien. Ils peuvent aussi prendre une douche et bien sûr échanger avec les travailleurs sociaux, comme c'est le cas d'Annick dont les démarches administratives pour retrouver un logement sont accompagnées par une assistante sociale. "Ici il fait chaud ce qui est précieux en hiver, rappelle-t-elle. Et je m'y sens en sécurité."
A 90%, La Boussole est fréquentée par des hommes. Les dérapages physiques ou verbaux sont réguliers, le plus souvent dus au stress généré par la précarité. Mais des étoiles scintiellent. "Quand on voit un ancien bénéficiaire revenir des années plus tard avec son enfant et nous dire qu'il est à nouveau socialisé, ça nous touche forcément", conclut Valérie Morange.
Envie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nousEnvie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nous
L'espace des commentaires est ouvert aux inscrits.
Connectez-vous ou créez un compte pour pouvoir commenter cet article.