Le juriste chinois Pu Zhiqiang, un éminent défenseur des droits de l'Homme jugé pour des microblogs très critiques du pouvoir politique, a été condamné mardi à une peine de trois ans d'emprisonnement avec sursis, a indiqué son avocat à l'AFP.
M. Pu, 50 ans, lui même avocat, est connu pour avoir défendu devant la justice des victimes de camps de rééducation par le travail, le célèbre artiste Ai Weiwei --longtemps bête noire de Pékin--, et des citoyens en butte à l'arbitraire des autorités.
Il avait été arrêté mi-2014 et avait été jugé la semaine dernière pour sept messages postés sur ses comptes de microblogs, dans lesquels il fustigeait l'incompétence et les "mensonges" du Parti communiste, et dénonçait les politiques répressives menées par Pékin au Tibet et dans la région à dominante musulmane du Xinjiang.
Pu Zhiqiang, qui encourait jusqu'à huit ans d'emprisonnement pour les charges retenues contre lui, a été reconnu coupable d'"incitation à la haine raciale" et d'avoir "provoqué des querelles et fomenté des troubles" par la Deuxième cour intermédiaire populaire de Pékin, ont précisé des médias d'Etat.
- pas d'appel -
Il a accepté le verdict et indiqué qu'il ne ferait pas appel, a ajouté la télévision officielle CCTV.
Le caractère suspensif de la sentence implique que Pu Zhiqiang devrait sortir de prison, "mais il ne sera pas un homme libre, il sera comme avant susceptible d'être arrêté" arbitrairement, a averti son avocat Mo Shaoping.
"Nous sommes très loin d'être satisfaits, car nous avions demandé l'acquittement de Pu et ce verdict entérine sa culpabilité", a-t-il déclaré à l'AFP.
Le tribunal pékinois où était annoncé le verdict était, comme lors du procès, entouré mardi d'un massif dispositif policier, dont d'importantes forces de l'ordre en civil, a constaté l'AFP. Des journalistes et quelques manifestants ont été violemment éloignés des abords du bâtiment, des policiers confisquant même momentanément les cartes de presse de plusieurs reporters.
L'ONG Amnesty International évoquait de son côté "une immense injustice".
"Clairement, c'est une nouvelle positive, car il est probable que Pu Zhiqiang ne dormira plus en prison, mais () il n'est pas un criminel et ce verdict de culpabilité va interdire à l'un des plus emblématiques défenseurs des droits de l'Homme en Chine de pratiquer le droit" tout en restreignant ses libertés, a commenté William Nee, un chercheur d'Amnesty International.
Depuis l'arrivée au pouvoir du président Xi Jinping, Pékin a nettement durci la répression des voix critiques émanant de la société civile --juristes, militants et universitaires--, avec des centaines d'interpellations. Plusieurs dizaines d'avocats défenseurs des droits de l'homme avaient été détenus en juillet dernier à travers le pays.
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