Le conglomérat industriel japonais Toshiba a annoncé lundi des réductions massives d'effectifs et un recentrage de ses activités au détriment des produits grand public, après avoir masqué durant des années la mauvaise santé de ces divisions soumises à rude concurrence.
Cette restructuration va entraîner des frais importants et le groupe s'attend à une perte nette annuelle record de 550 milliards de yens (4,2 mds EUR) pour l'exercice d'avril 2015 à mars 2016.
Des fuites dans la presse ont entraîné une chute de 9,80% de l'action Toshiba avant même l'annonce officielle de cette plongée dans le rouge. Le titre a perdu 50% depuis le printemps quand ont émergé les premiers doutes sur les comptes.
Toshiba avait déjà vécu une année noire accompagnée d'une restructuration en 2008/2009 avec la crise financière internationale, mais la perte alors subie ne dépassait pas 343 milliards de yens.
Les 6.800 suppressions de postes prévues d'ici à fin mars 2016 s'ajoutent à un appel à départs lancé la semaine passée dans une activité de semi-conducteurs pour 1.200 salariés, ainsi qu'au transfert à Sony de 1.100 autres employés.
Un millier de postes doivent aussi disparaître dans les fonctions plus administratives.
Le cumul s'élève a plus de 10.000 postes sur un total de près de 200.000 salariés dans le monde au 31 mars dernier.
Sur le plan opérationnel, dans le domaine des PC, Toshiba dit réfléchir à un regroupement avec d'autres fabricants, une fois resserrée son activité. Il ne cite pas de nom, mais la presse avait évoqué il y a plusieurs jours un rapprochement avec ses compatriotes Fujitsu et Vaio (entreprise créée pour reprendre l'activité PC éponyme de Sony).
Dans le secteur des TV, le groupe va continuer à proposer au Japon seulement des téléviseurs de sa propre fabrication mais en se concentrant sur les modèles les plus haut de gamme.
Le groupe va en revanche cesser de développer, fabriquer et vendre en propre des appareils à l'étranger. La marque sera conservée, mais les TV fabriquées par d'autres sociétés, un modèle déjà en place pour l'Europe et les Etats-Unis qui sera donc étendu à l'Asie. Son usine située en Indonésie va être vendue.
Une opération du même ordre va être menée pour les lave-linge qui étaient produits sur le même site indonésien.
Pour l'ensemble de l'activité électroménager, Toshiba dit étudier aussi la faisabilité d'un rapprochement avec une division similaire d'une autre entreprise, sans donner de nom. La presse a laissé entendre qu'un regroupement avec l'activité des produits blancs de Sharp était une hypothèse crédible.
- Comptes truqués -
Toutes ces décisions ont été précipitées par une série de manipulations comptables découvertes au printemps et dont le groupe essaie de se remettre après avoir remplacé ses instances dirigeantes.
Entre 2008 et 2014, trois PDG de Toshiba et plusieurs de leurs collaborateurs se sont rendus coupables d'artifices financiers qui ont abouti à surévaluer le bénéfice net des exercices concernés de 155,2 milliards de yens (1,1 milliard d'euros).
Ces pratiques ont masqué la mauvaise santé de plusieurs divisions (notamment les PC et TV) que le groupe est désormais contraint d'assainir.
A l'instar de Panasonic ou Hitachi, Toshiba doit faire des choix et les activités de produits grand public qui ont le plus à souffrir de la concurrence asiatique en font les frais.
Ces trois groupes s'étaient construit au fil des décennies une image de marque auprès des consommateurs grâce à leurs télévisions, PC portables et autres produits audiovisuels, informatiques ou électroménagers quotidiennement utilisés par des millions de personnes.
Mais les restructurations successives font progressivement disparaître ces appareils de leur portefeuille alors qu'ils se recentrent sur les activités d'industrie lourde ou de fournisseurs d'équipements pour divers secteurs professionnels.
Une conférence de presse du PDG de Toshiba, Masahi Muromachi, était prévue plus tard dans la journée à Tokyo.
Envie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nousEnvie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nous
L'espace des commentaires est ouvert aux inscrits.
Connectez-vous ou créez un compte pour pouvoir commenter cet article.