Les grandes puissances se sont retrouvées vendredi à New York pour poursuivre leurs efforts sur la Syrie, en quête d'une résolution du Conseil de sécurité de l'ONU qui entérine un ambitieux plan américano-russe pour un cessez-le feu et un règlement politique.
Dix-sept ministres des Affaires étrangères se sont réunis dans la matinée dans un grand hôtel de New York, à l'invitation du secrétaire d'Etat américain John Kerry, du ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov, et de l'émissaire de l'ONU pour la Syrie Staffan de Mistura.
Les ministres devaient ensuite se rendre au siège des Nations unies avec pour objectif d'adopter une résolution du Conseil de sécurité qui entérine le processus de Vienne. Il prévoit notamment une rencontre à compter du 1er janvier entre représentants de l'opposition et du régime de Damas.
Un diplomate de l'un des cinq pays membres permanents du Conseil a indiqué vendredi matin que la formulation de la résolution n'était pas finalisée, mais s'est voulu optimiste.
"Le pas le plus important à faire est de continuer d'avancer vers un réel cessez-le-feu () entre les groupes de l'opposition armée et les forces de sécurité du régime d'Assad", a déclaré le ministre allemand des Affaires étrangères Frank-Walter Steinmeier. "Il s'agit maintenant ici à New York que nous harmonisions autant que possible les positions de l'opposition avec ce que nous avons discuté au niveau politique à Vienne", a-t-il ajouté, dans une déclaration publiée par son ministère.
- l'opposition syrienne veut plus de temps -
Mais la principale coalition de l'opposition syrienne a estimé vendredi que l'objectif de parvenir à un cessez-le-feu début janvier n'était pas réaliste. Najib Ghadbian, représentant à l'ONU de la Coalition nationale syrienne, a demandé "à peu près un mois" pour préparer les pourparlers de paix, qui se tiendraient en parallèle au cessez-le-feu, a-t-il dit. La Coalition a également demandé que la Russie cesse ses bombardements, dans le cadre du cessez-le-feu.
"Les attaques russes continuent de viser tout le monde et n'importe qui, sauf l'EI", a affirmé M. Ghadbian.
La rencontre de vendredi est la troisième depuis fin octobre au sein du Groupe international de soutien à la Syrie, dans le cadre du processus diplomatique de Vienne qui a établi le 14 novembre une feuille de route pour la Syrie.
Sont représentés Etats-Unis, Russie, France, Royaume-Uni, Turquie, Arabie saoudite, Qatar, Emirats arabes unis, Oman, Liban, Jordanie, Chine, Egypte, Allemagne, Iran, Irak et Italie, ainsi qu'ONU, UE, OCI et Ligue arabe.
Outre la rencontre opposition/régime la feuille de route de Vienne prévoit un gouvernement de transition dans les six mois, des élections dans les 18 mois et un projet de cessez-le-feu, après quatre ans et demi d'un terrible conflit qui a fait plus de 250.000 morts et des millions de réfugiés dans les pays voisins et en Europe.
- Le sort d'Assad, principal obstacle -
Mais le sort du président Bachar al-Assad demeure le principal obstacle à une sortie de crise.
Ce dernier a averti jeudi soir que toute tentative de provoquer un changement de régime à Damas ferait "traîner" le conflit, dans une interview à une chaîne néerlandaise.
Il a affirmé que la guerre pourrait cesser en moins d'un an "si les pays responsables agissent contre l'afflux" de combattants étrangers en Syrie.
John Kerry a assuré mardi à Moscou au président russe Vladimir Poutine, allié de Damas, que Washington "ne cherchait pas de changement de régime".
Le porte-parole du département d'Etat John Kirby a réaffirmé jeudi soir qu'"Assad doit partir", mais reconnu que son sort ne figurerait pas dans le communiqué final de New York vendredi soir: "Nous ne sommes pas encore prêts () à un engagement par écrit sur des paramètres précis", a-t-il dit.
Selon le quotidien allemand Bild, les services de renseignement extérieurs allemands, le BND, collaborent de nouveau avec leurs homologues syriens. Récemment, la chancelière Angela Merkel avait pourtant exclu toute coopération avec Bachar al-Assad pour combattre les jihadistes du groupe Etat islamique.
John Kerry a rencontré jeudi soir à New York son homologue saoudien Adel al-Jubeir, dont le pays est l'ennemi juré du président syrien.
Ryad a réuni la semaine dernière une centaine de groupes d'opposants syriens qui ont accepté de négocier avec le régime de Damas, tout en exigeant le départ de M. Assad dès le début d'une éventuelle période de transition politique.
Ces opposants ont élu jeudi Riad Hijab, un ancien Premier ministre ayant fait défection, comme leur coordinateur général.
Une fois le processus politique enclenché et un cessez-le-feu négocié, Américains et Russes espèrent pouvoir se concentrer sur la lutte contre l'EI.
Vendredi, le président français François Hollande a assuré que la lucrative contrebande de pétrole organisée depuis la Syrie par l'EI avait été "largement réduite", à l'issue d'un Conseil européen à Bruxelles.
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