La bataille de l'info en continu ne se jouera pas que sur les audiences: BFMTV va contester devant le Conseil d'Etat le passage en gratuit de LCI, au centre d'un grand projet numérique présenté vendredi par un groupe TF1 triomphant.
LCI, chaîne d'info du groupe TF1, sera visible en janvier 2016 sur le canal 26 de la TNT gratuite, le CSA l'ayant finalement autorisée jeudi à devenir gratuite, après une longue procédure et deux refus en 2011 et 2014.
En échange, LCI a promis au CSA une refonte en septembre de ses programmes pour proposer davantage de magazines et des sujets plus légers (consommation, santé, nouvelles technologies).
Elle va aussi accueillir les rédactions du site de TF1 (MyTF1news) et du site Metronews pour améliorer sa visibilité sur internet.
Leurs équipes seront regroupées en un même lieu sous la marque LCI et dirigées par deux patrons, Nicolas Charbonneau, jusqu'ici directeur adjoint de la rédaction de TF1, et Jean-François Mulliez, le "Monsieur numérique" du groupe, a annoncé vendredi la directrice de l'information, de TF1 Catherine Nayl.
La nouvelle entité comptera environ 300 journalistes et la direction de TF1 n'écarte pas de nouveaux recrutements. "On veut que ce soit une vraie rédaction totalement bi-média", a expliqué Nicolas Charbonneau.
Pour prendre ce nouveau départ, LCI recevra 20 millions d'euros d'investissements supplémentaires en 2016 et ambitionne de redevenir bénéficiaire en 2019. Mais ces nouveaux projets n'ont pas convaincu la Bourse de Paris où le titre TF1 a perdu près de 4% vendredi.
Si la décision du CSA est une victoire pour TF1 - "un moment d'émotion exceptionnel", dit son patron Nonce Paolini - elle a un goût amer pour l'actuel numéro un des chaînes d'info, BFMTV, et pour Paris Première, la chaîne culturelle de M6, candidate malheureuse à la gratuité.
Très remonté contre cette "décision incompréhensible", le patron de BFMTV, Alain Weill, a décidé de "lancer une procédure" de recours devant le Conseil d'Etat.
"Le CSA doit veiller à la bonne santé, à l'équilibre financier des chaînes qui existent. Or à deux, déjà, ça passe difficilement () donc à trois (BFMTV, LCI et iTélé, NDLR), on ne s'en sortira pas bien. C'est le téléspectateur qui sera aussi le perdant parce que ces chaînes seront appauvries", a-t-il estimé.
- 'réduire les coûts' -
Le groupe M6 va également saisir le Conseil d'Etat.
"Je me réjouis pour mon collègue Nonce Paolini même si les ennuis vont commencer pour lui maintenant car le CSA fout le bazar dans la télévision d'information : nous sommes le seul pays à autoriser autant de chaînes d'info gratuites, ce n'est pas ce que j'appelle une régulation", s'est insurgé son président Nicolas de Tavernost.
Le patron de TF1 a déploré ces attaques, "parce que ça ne permet pas d'avoir un débat sain, équilibré et intelligent autour de l'information".
"Quand je vois les déclarations faites par les uns et les autres, je m'inquiète beaucoup pour l'éthique et la déontologie éditoriale des rédactions qui sont sous l'autorité de ces personnes", a-t-il ajouté. Une allusion notamment à Alain Weill pour qui il dit avoir eu une "pensée émue".
"L'objectif n'est pas de concurrencer Paul ou Jacques mais de bien faire notre métier", a-t-il répété.
Le patron de TF1, qui avait averti à maintes reprises que le passage en gratuit conditionnait la survie de LCI, a définitivement écarté vendredi le plan de 148 suppressions de postes qu'il prévoyait en cas de refus du CSA.
La menace est désormais du côté de BFMTV où Alain Weill a prévenu que son entreprise allait "devoir s'adapter au nouveau paysage, aux nouveaux équilibres" et "sans doute réduire les coûts".
Il avait averti dernièrement qu'il pourrait procéder à "une centaine" de licenciements à BFMTV si LCI passait en gratuit
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