Critiques en interne de plus en plus virulentes, sondages en berne, offensive des socialistes pour séduire les centristes du parti: après des régionales en demi-teinte pour Les Républicains, Nicolas Sarkozy voit son leadership remis en cause à moins d'un an de la primaire pour 2017.
L'image, qui a tourné en boucle sur les chaînes d'information jeudi a dû irriter l'ex-chef de l'Etat: François Hollande et Xavier Bertrand se donnant du "Monsieur le président", lors de l'inauguration d'un monument commémorant la fraternisation entre soldats français et allemands de la Première guerre mondiale à Neuville-Saint-Vaast (Pas-de-Calais).
Le même jour, Jean-Christophe Cambadélis, le patron du PS qui présentait son projet d'"alliance populaire", lançait un appel en faveur d'un "bloc républicain" allant des centristes de droite aux socialistes, dont son parti serait le pivot.
Il faut "sortir du climat de guerre civile entre politiques", lui a fait écho M. Bertrand. Lundi soir, en annonçant qu'il se retirait de la course à la primaire (où les sondages le plaçaient entre 1 et 2% d'intentions de vote), il avait dénoncé le "spectacle" donnée par sa famille politique après les régionales. "Mais mon Dieu! Qu'ils se réveillent ou alors on va vers une catastrophe politique!", avait-il averti.
Quant à l'autre président régional LR à devoir sa victoire à l'apport des voix de gauche, Christian Estrosi (Provence-Alpes-Côte-d'Azur), à la réputation très droitière et honni par la gauche, il semble avoir changé son fusil d'épaule.
"Nicolas Sarkozy est un ami, je le respecte. Mais contrairement à lui, je ne pense pas que nous, élus Républicains, devions tenir un discours toujours plus à droite. Plus on va à droite, plus on fait monter le FN", a déclaré ce fidèle de l'ancien chef de l'Etat.
- "Estrosi et Bertrand, il va falloir qu'ils dessoûlent" -
"Bertrand et Estrosi, il va falloir qu'ils dessoûlent", a lâché le président des Républicains devant des proches.
Alors même que la droite alliée au centre a remporté sept régions sur treize, contre cinq à la gauche, l'ex-chef de l'Etat, pris en étau entre le FN et la gauche qui l'accuse de labourer en terres frontistes avec ses déclarations sur l'immigration ou l'identité nationale, ne bénéficie pas de la victoire de son camp.
M. Sarkozy s'est résolu cette semaine à remplacer sa numéro deux Nathalie Kosciusko-Morizet en désaccord sur de nombreux points par Laurent Wauquiez, vainqueur en Rhône-Alpes-Auvergne et nettement plus à droite.
"A titre personnel, je n?aurais l'aurais pas exclue parce que je pense que l?exclusion ça ne sert à rien, au contraire, ça rétrécit une famille politique", a taclé vendredi sur France Inter, Valérie Pécresse, nouvelle présidente de l'Ile-de-France, proche de François Fillon.
Depuis son retour en politique, qu'il imaginait "stratosphérique", et malgré les victoires engrangées aux départementales avant celles des régionales (et après celles des municipales sous la présidence de Jean-François Copé), son image pâlit.
Les sondages sont de plus en plus sévères à son égard: de moins en moins de Français veulent de sa candidature à la présidentielle, et pour la première fois selon un sondage Ifop, Hollande serait devant lui au premier tour.
Ses concurrents à la primaire - lui-même devrait se déclarer début septembre 2016 - multiplient les piques: "le retour des battus, c'est une mauvaise exception française", a assené Bruno Le Maire. "Je ne sais pas s'il y a un problème Sarkozy, c'est aux Français et aux militants de le dire. J'ai un projet pour la France, c'est ça qui m'intéresse", a lâché Alain Juppé.
Pour tenter de trouver un terrain d'entente entre tous en attendant la primaire de novembre 2016 et définir une ligne pour son parti, M. Sarkozy a convoqué un Conseil national les 13 et 14 février. Un exercice qui s'annonce compliqué.
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