"Être VTC aujourd'hui en France, c'est un piège": pour protester contre les baisses de tarifs décidées par des plateformes de réservation, des chauffeurs VTC en grève ont manifesté vendredi en région parisienne.
Répondant à l'appel de trois associations (SETP, CAPA VTC et Actif-VTC), environ 200 chauffeurs avaient parqué à la mi-journée leurs voitures devant le palais des congrès de la porte Maillot, à l'ouest de la capitale, a constaté un journaliste de l'AFP.
Beaucoup moins massif qu'annoncé, le rassemblement se déroulait calmement. Les chauffeurs avaient laissé une voie libre mais leur manifestation occasionnait des ralentissements sur les axes convergeant vers la Porte Maillot.
A la façon des taxis, dont leur développement a cassé le monopole, une partie des chauffeurs avaient auparavant mené une opération escargot sur les autoroutes A1 et A6 depuis les aéroports de Roissy-Charles-de-Gaulle (nord) et Orly (sud).
A Roissy, certains véhicules de tourisme avec chauffeur (VTC) non grévistes ont été empêchés de prendre des clients par des grévistes, a constaté un photographe de l'AFP.
Cette action a entraîné en début de matinée des difficultés de circulation, selon le Centre national d'information routière (Cnir). A la mi-journée, 141 km de bouchons cumulés étaient comptabilisés en région parisienne, contre 75 km en moyenne habituelle à la même heure.
Place Maillot, quelques banderoles étaient disposées sur des berlines avec les messages "chauffeurs en colère" ou encore "ubérisation = paupérisation".
Très applaudi, Helmi Mamlouk, président de l'association CAPA-VTC, s'est fait le porte-voix du "ras le bol" des chauffeurs. "Le marché s'effrite complètement () on demande aujourd'hui que le gouvernement nous défende", a-t-il lancé au micro.
"On ne veut pas la guerre avec les taxis, ce qu'on veut c'est une réglementation", a-t-il ajouté.
- "30 euros pour 11 heures" -
Les VTC, qui sont 9.000 en Ile-de-France, selon la fédération des exploitants de ces véhicules, se tournent donc aujourd'hui vers l'Etat pour que les tarifs des VTC soient réglementés, avec l'instauration de tarifs minimums, à l'instar des taxis.
"Beaucoup de VTC ont cru pouvoir gagner leur vie décemment" mais "être VTC aujourd'hui en France c'est un piège () ils se retrouvent endettés, dans une précarité totale et sans cadre juridique clair et précis", avait expliqué plus tôt à l'AFP Mohamed Radi, secrétaire général de l'association VTC de France, accusée par certains chauffeurs d'être venue "faire la pub" de son application indépendante.
Les chauffeurs s'estiment victimes de la guerre des prix qui fait rage entre les éditeurs d'applications de réservation par smartphone (Uber, Chauffeur Privé, etc.), mais aussi entre ces sociétés et les taxis.
Le mastodonte du secteur, Uber, a décidé début octobre de réduire de 20% ses tarifs à Paris, et le minimum de course est passé de huit à cinq euros, déclenchant déjà deux mobilisations de chauffeurs. La société assure que la baisse des prix s'accompagnera automatiquement d'une hausse de la clientèle, réfutant ainsi toute diminution du chiffre d'affaires.
En moyenne, tous frais déduits (commission, taxe, location du véhicule, essence), il reste 2.000 euros par mois à Emmanuel Spina, adhérent à Actif-VTC, qui affirme travailler "70 à 90 heures par semaine", soit nettement en dessous du Smic horaire. "Certains vont au-delà de 90 heures et dorment dans les voitures", affirme-t-il.
Selon Djaffar Zemmam, patron d'une flotte de cinq chauffeurs, depuis la baisse des prix par Uber, "chaque chauffeur perd minimum 100 euros par jour", au point que certains gagnent en net "30 euros par jour pour 11 heures de boulot".
Les VTC réclament plus largement d'être davantage associés à la gestion des applications mobiles. "Les conditions de partenariat ne sont plus réunis", estime le SETP. Il réclame notamment "la mise en place d'une commission disciplinaire" pour faire la transparence sur les déconnexions des chauffeurs, momentanées ou définitives, pratiquées par les plateformes.
Selon VTC de France, Uber a majoré pour la journée de vendredi le prix des courses en Ile-de-France, pour les chauffeurs, afin de les inciter à travailler.
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