Avec sa frêle silhouette drapée dans un sari de coton blanc bordé de bleu, Mère Teresa, qui sera canonisée l'année prochaine, était devenue le symbole de l'aide aux "plus pauvres d'entre les pauvres", auxquels elle a consacré sa vie.
L'engagement infatigable de cette femme tenace et pragmatique, qui a aussi souffert secrètement dans sa foi pendant la majeure partie de sa vie, lui a valu une aura morale mondiale, couronnée par le prix Nobel de la paix en 1979.
Née le 26 août 1910 dans une famille albanaise à Skopje (Macédoine), Gonxhe Agnes Bojaxhiu entre dès l'âge de 18 ans chez les soeurs de Notre-Dame de Lorette à Dublin, où elle prend le nom de Teresa, en hommage à Thérèse de Lisieux.
Envoyée à Calcutta, elle enseigne pendant plusieurs années dans une école pour jeunes filles des classes aisées, avant de recevoir "l'appel dans l'appel", une vocation à se mettre au service de Dieu à travers les plus pauvres.
L'archevêque de Calcutta de l'époque, Mgr Ferdinand Periers, rechigne à la laisser quitter son ordre, considérant cette religieuse alors âgée de 37 ans comme "une novice qui ne serait même pas capable d'allumer correctement un cierge". Mais elle a le soutien de sa supérieure à Dublin et même du pape Pie XII.
Au début de l'année 1948, elle s'installe pour faire la classe et tenir un dispensaire dans un bidonville de Calcutta, où d'anciennes élèves deviennent avec elle les premières missionnaires de la charité.
En 1952, la rencontre d'une femme blessée agonisant sur un trottoir les pieds rongés par des rats l'amène à entreprendre une nouvelle tâche. Harcelant les autorités de la ville, elle obtient une vieille bâtisse pour accueillir des personnes souffrant de tuberculose, de dysenterie ou de tétanos et dont les hôpitaux ne veulent plus.
Des dizaines de milliers de miséreux sont passés par ce "mouroir": beaucoup y ont trouvé "une fin digne", dans le respect de leur propre religion. Mais les soins des religieuses et des nombreux bénévoles qui s'y succèdent ont aussi permis à des milliers d'autres de se remettre.
A Calcutta, Mère Teresa ouvre ensuite un vaste orphelinat, Sishu Bhavan, puis la léproserie de Shantinagar, où sont tissés les désormais célèbres saris blancs bordés de bleu portés par les quelque 4.500 missionnaires de la charité aujourd'hui engagées dans le monde entier.
- Vie austère -
A la maison mère de la congrégation à Calcutta, dans le vacarme d'une grande artère de la mégalopole indienne, mère Teresa mène une vie austère au milieu des postulantes et des novices, participant aux tâches domestiques et travaillant sans relâche au milieu de ses dossiers.
C'est là qu'elle s'est éteinte le 5 septembre 1997, à l'âge de 87 ans, et qu'elle repose, sous une tombe sur laquelle les soeurs écrivent chaque jour une parole différente avec des pétales de fleurs.
Dotée d'un bon sens des affaires, elle avait un jour demandé à Jean XXIII que les richesses du Vatican puissent servir à ses pauvres. Le pape lui fit don de sa Rolls Royce, vite revendue un très bon prix aux enchères.
Le pape Jean Paul II l'admirait, tandis que François, qui l'avait rencontrée en 1994, a raconté avoir été impressionné par sa force de caractère mais reconnu qu'elle lui aurait fait "peur" si elle avait été sa supérieure.
Mère Teresa avait coutume de dire que son action n'était qu'une "goutte de délivrance dans un océan de souffrance", mais que "si cette goutte n'existait pas, elle manquerait à la mer".
Elle avait également ses détracteurs, qui lui ont reproché d'avoir failli à son engagement en faveur des pauvres en se montrant peu regardante sur l'origine des dons qu'elle recevait. Elle avait aussi maintenu, dans la ligne de l'Eglise, une opposition farouche à la contraception et à l'avortement.
Le "procès" mené pour sa béatification a aussi révélé, à travers des extraits poignants de sa correspondance personnelle, qu'elle avait souffert dans sa foi pendant la majeure partie de sa vie, allant même jusqu'à douter parfois de l'existence de Dieu.
"Jésus a un amour tout particulier pour vous. Pour moi, le silence et le vide sont si importants que je regarde et ne vois pas, que j'écoute et n'entends pas", avait-elle écrit en 1979 à un confesseur.
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