Les dirigeants européens clôturent vendredi à Bruxelles une "année dramatique" pour l'UE, jalonnée par les attentats de Paris, un afflux sans précédent de migrants, la crise grecque qui faillit voir Athènes sortir de la zone euro et le problème du maintien du Royaume-Uni dans l'Union.
"Je ne me fais aucune illusion" pour 2016, a lâché vendredi matin Jean-Claude Juncker, le président de la Commission européenne, interrogé sur les dossiers difficiles qui attendaient les Européens l'an prochain.
Le président du Parlement européen, Martin Schulz, a qualifié jeudi l'année écoulée de "dramatique", énumérant les traumatismes qui ont frappé le Vieux continent.
"Une telle année, qui commence par la terreur et finit par la terreur, qui est marquée par la peur, par des crises profondes -économiques, sociales, du marché de l'emploi-, par le fait que les Etats membres s'éloignent les uns des autres comme ce ne fut jamais jusqu'ici le cas", a constaté M. Schulz. "Une telle année, je n'en ai encore jamais vécu", a-t-il avoué.
Réunis pour leur dernier sommet de 2015 depuis jeudi à Bruxelles, les 28 doivent s'attacher vendredi à encourager la mise en oeuvre de mesures déjà décidées pour intensifier la lutte contre le terrorisme et tarir son financement, l'une des priorités en 2016, après les attentats jihadistes à Paris, mais aussi à Copenhague, dans le bassin méditerranéen (Tunisie, Egypte, Liban), au Nigeria et au Mali.
"Le renforcement des échanges entre services de sécurité est crucial au nivea
u européen", a plaidé vendredi matin le Premier ministre belge Charles Michel. Le sommet de Bruxelles se tient sous haute sécurité dans une capitale belge au niveau d'alerte 3 (menace "possible et vraisemblable") à la suite des attaques du 13 novembre à Paris.
Un suspect clé des attentats, Salah Abdeslam, un Français qui a grandi dans un quartier populaire de Bruxelles, reste introuvable et sa traque a révélé les failles dans la coopération antiterroriste européenne.
Selon les conclusions du sommet, les 28 chefs d'Etat et de gouvernement saluent la perspective d'une "adoption et mise en oeuvre rapides" d'un registre européen des données des passagers aériens (PNR) après un accord au Parlement européen qui faisait obstruction depuis des années.
- Un million de migrants -
Ils insisteront également sur la nécessité de systématiser les contrôles d'identité, même des ressortissants européens, aux frontières extérieures pour éviter des infiltrations de jihadistes.
Jeudi, ils se sont engagés à accélérer leur réponse pour endiguer les flux de migrants qui arrivent dans l'Union -ils devraient dépasser le million en 2015- et doivent avancer d'ici la fin juin sur la création inédite d'un corps de garde-frontières et gardes côtes européens.
L'UE a accouché au forceps d'une série de mesures: "hotspots" (centres d'accueil et d'enregistrement des migrants) en Grèce et en Italie, plan d'action avec la Turquie, répartition des réfugiés Mais au prix d'une fracture entre pays de l'Est et du Sud, d'autant que sur le terrain, elles n'ont eu qu'un effet très limité pour tarir les arrivées.
"Si nous échouons à protéger les frontières extérieures, nous ne pouvons qu'échouer en tant que communauté politique", a reconnu jeudi soir le président du Conseil européen Donald Tusk.
L'année 2014 avait déjà révélé des divergences entre pays de l'Est et du Sud de l'Europe sur les sanctions contre la Russie, avec laquelle les relations se sont refroidies comme jamais en raison du conflit dans l'est de l'Ukraine.
Ces divisions se sont encore creusées pendant les six mois de négociations sur un nouveau plan d'aide à la Grèce, au bord du gouffre, qui a frôlé en juillet le "Grexit", une sortie de la zone euro.
Les 28 discutaient vendredi matin de la façon dont ils peuvent remédier à ces déficiences et renforcer le système bancaire.
Afin d'éviter un autre scénario menaçant l'unité de l'Europe, un "Brexit", ils se sont dits prêts jeudi soir au "compromis" dans les tractations avec le Premier ministre britannique David Cameron en vue du maintien de son pays dans l'UE.
Les Européens espèrent sceller un accord à la mi-février sur les réformes demandées en amont du référendum que M. Cameron a promis d'organiser d'ici la fin 2017.
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