François Hollande a lancé jeudi un appel "à la concorde" nationale lors d'une visite hautement symbolique dans le Nord-Pas-de Calais au côté de Xavier Bertrand (Les Républicains), qui n'a dû son élection dans cette région qu'au retrait de la gauche face au FN.
En route pour Bruxelles, le président de la République a profité de l'inauguration, à Neuville-Saint-Vaast (Pas-de-Calais), d'un monument commémorant les "fraternisations" pendant la Première Guerre mondiale, pour délivrer ce message d'union, comme il l'avait déjà fait mercredi en Conseil des ministres.
En présence du président du Sénat, Gérard Larcher (Les Républicains), et de nombreux élus de la majorité comme de l'opposition, M. Hollande a rendu à la fois hommage au président socialiste sortant de la région, Daniel Percheron, et à son successeur, ex-ministre de Nicolas Sarkozy.
Un double hommage lourd de sens alors que les initiatives de rapprochement, à droite comme à gauche, se multiplient en vue de 2017 pour tenter d'endiguer la poussée sans précédent du parti de Marine Le Pen. Selon tous les sondages, celle-ci accéderait au second tour de la présidentielle.
"La France est partagée entre des sensibilités différentes, elles sont nécessaires, indispensables même à la démocratie () mais face aux épreuves et aux défis, notre pays a besoin de concorde pour résister face à la menace terroriste, pour écarter la peur qui mine la cohésion", a averti le chef de l?État.
"Ne transformons pas nos différences en défiances, nos divergences en discordes. Nous sommes tous dépositaires de la République", a-t-il insisté, exaltant les valeurs de "fraternité" et de "solidarité".
Quasiment à l'unisson, M. Bertrand avait appelé auparavant à "sortir du climat de guerre civile entre politiques".
"Entre devenir tous les mêmes et continuer à être agressifs les uns envers les autres, je pense qu'il y a un juste milieu et ce juste milieu, ça s'appelle l'intérêt général", a-t-il insisté.
- 'Sortir des tranchées' -
"Nos fils de fer barbelés, monsieur le président, ont pour noms pauvreté, chômage, exclusion () Nos victoires de demain s'appelleront croissance, emploi, dignité, République retrouvée dans la diversité de nos sensibilités", a jugé, tout aussi consensuel, M. Larcher, se félicitant que les politiques aient su "sortir de (leurs) tranchées sans pour autant renoncer à (leurs) valeurs".
Au sein du parti LR, l'ex-Premier ministre Jean-Pierre Raffarin avait été le premier cette semaine à proposer au gouvernement un "pacte républicain contre le chômage". Cette initiative avait été publiquement saluée par le Premier ministre Manuel Valls.
M. Raffarin avait été le seul, avec Nathalie Kosciusko-Morizet, depuis évincée de la direction de LR, à ne pas approuver le "ni-ni" face au FN, prôné par Nicolas Sarkozy.
Ces initiatives ne font toutefois pas l'unanimité à droite, certains soupçonnant M. Hollande de vouloir instrumentaliser le risque FN pour diviser la droite, et permettre des alliances au centre.
"Faire des grandes photos de fraternité" Hollande-Bertrand n'est "pas la bonne réponse" aux problèmes des Français, a ainsi cinglé jeudi matin Bruno Le Maire.
Eric Ciotti, secrétaire général-adjoint de LR, a lui critiqué ceux qui, dans son parti, veulent "s'allier avec la gauche" et sont "en train de tomber dans le piège tendu" par M. Hollande.
Au PS, l'heure est également, chez certains, à la recherche d'une grande "alliance" dépassant les frontières politiques traditionnelles. Le secrétaire d?État aux Collectivités locales, André Vallini, appelle ainsi également à sortir des "affrontements stériles, partisans et politiciens". "Je trouve incroyable que dans notre paysage politique, en 2015, vous ayez encore des leaders, surtout à droite, pour dire +on doit être opposé sur tout, en tout, tout le temps et en toute occasion+", a appuyé la porte-parole du PS, Juliette Méadel.
M. Bertrand a, du reste, été reçu à sa demande par Martine Aubry mercredi à l'Hôtel de Ville de Lille. Mais Pierre de Saintignon, rival socialiste malheureux de M. Bertrand aux régionales, était là, selon l'entourage de Mme Aubry, "comme chef de file de l'opposition", ce qui semble exclure une union sacrée entre la droite et la gauche.
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