Face au tollé, Marine Le Pen a retiré jeudi matin de son compte Twitter l'une des trois photos de victimes de l'organisation Etat islamique (EI), celle de James Foley, qui avait "profondément choqué" la famille de l'otage américain.
Trois jours après sa nette défaite aux régionales dans le Nord, la présidente du Front national avait, avec ces tweets, protesté mercredi contre le "parallèle ignoble" effectué selon elle par le journaliste Jean-Jacques Bourdin sur BFMTV - RMC entre le groupe EI et le Front national.
"Je ne savais pas que c'était une photo de James Foley. Elle est accessible par tous sur Google. J'apprends ce matin que sa famille me demande de la retirer. Bien évidemment, je l'ai aussitôt retirée", a déclaré à l'AFP la présidente du FN.
La famille de James Foley s'était dite mercredi "profondément choquée par l'utilisation qu'est faite de Jim (décapité en 2014, ndlr) pour le bénéfice politique de Le Pen", demandant le retrait "immédiat" des trois photos.
Les deux autres photos d'exactions sont pourtant toujours accessibles sur le compte Twitter de Marine Le Pen, dont l'une est, selon une vidéo diffusée par l'EI en février, celle d'un pilote jordanien, Maaz al-Kassasbeh, brûlé vif dans une cage parce qu'il participait à la coalition antijihadistes.
Une enquête préliminaire a été ouverte par le parquet de Nanterre pour "diffusion d'images violentes", suite à un signalement du gouvernement à la police, visant également le député RBM Gilbert Collard qui a lui aussi diffusé une photo d'une victime de l'EI, encore en ligne jeudi à 11H30.
Marine Le Pen a également pris ses distances avec l'un de ses conseillers, Eric Domard, qui avait tweeté --il l'a lui aussi retirée-- une photo de la salle du Bataclan jonchée de victimes après le carnage du 13 novembre.
- "Avec le FN, tout n'est pas permis" -
Jeudi matin, la patronne de l'extrême droite a expliqué ainsi à l'AFP sa réaction de la veille: "Il n'est pas question pour moi de laisser les électeurs du FN être comparés à une organisation de barbares, d'assassins", a-t-elle protesté.
"Avec le FN, tout n'est pas permis! Malheureusement, la publication de ces photos horribles était le seul moyen de taper un grand coup sur la table", a ajouté la députée européenne.
Le tollé avait commencé en France: à la mi-journée mercredi, Manuel Valls avait dénoncé sur Twitter la "faute politique et morale" commise selon lui par Mme Le Pen, "incendiaire du débat public".
"Au FN, de père en fille, la forme (Twitter) s'est modernisée, mais les provocations odieuses restent", a commenté jeudi le député écolo de Paris Denis Baupin.
"Rapide pour provoquer et choquer mais lente pour réfléchir aux conséquences "JamesFoley #indecence" a abondé l'eurodéputé PPE Franck Proust.
Nicolas Dupont-Aignan, président de Debout la France (DLF) auquel le bras droit de Mme Le Pen, Florian Philippot a récemment tendu la main, y a vu la preuve des "excès" du FN.
En revanche, pour le député Thierry Mariani (LesRépublicains), ouvrir une enquête visant Marine Le Pen est le "meilleur moyen de leur rendre service".
Jean-Marie Le Pen est venu, à sa façon, par un communiqué, à la rescousse de sa fille, auteure selon lui d'un "acte de légitime défense". Avant de souligner la manière "appropriée ou non" et raillant au passage "l'utopique stratégie de dédiabolisation".
Mais les réactions ont dépassé le monde politique. L'un des quatre journalistes retenus en otages en Syrie, Nicolas Hénin, a qualifié sur Twitter "d'immonde" la "récupération de la propagande de l'EI (qui) souille la mémoire de ses victimes".
"On sait que l'exercice radio, c'est pas l'endroit où peut s'exprimer la pensée dans tout son déploiement", a commenté le directeur de l'Observatoire des radicalités politiques Jean-Yves Camus interrogé par l'AFP. "On peut s'insurger contre la comparaison qui a été faite, si on considère qu'elle a été faite ou insinuée par Bourdin, on a le droit de dire qu'elle est absurde, mais on n'est pas obligé de taper sur le clavier aussi vite que ça vous vient à l'esprit."
"Ce n'est pas de la bonne publicité post-électorale. C'est une forme de fébrilité", a estimé ce spécialiste du Front national.
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