Vladimir Poutine a assuré jeudi que les frappes de ses avions de combat en Syrie soutenaient non seulement l'armée du président Bachar al-Assad mais également l'"opposition armée" qui combat les jihadistes de l'organisation État islamique (EI).
Les déclarations surprenantes du chef de l'Etat russe interviennent à la veille d'une réunion sur la Syrie à New York entre ministres des Affaires étrangères, où sera notamment évoqué le sort du président syrien, élément crucial du règlement d'un conflit qui a fait plus de 250.000 morts et plusieurs millions de déplacés en quatre ans et demi.
Engagée militairement depuis le 30 septembre dans des raids aériens en Syrie, l'aviation russe est régulièrement accusée par les Occidentaux et les pays arabes de frapper l'opposition modérée qui combat le régime syrien plutôt que les jihadistes de l'Etat islamique.
Le Secrétaire d'État américain John Kerry s'était encore inquiété mercredi lors de sa visite à Moscou des frappes visant les groupes de l'opposition. Il avait néanmoins assuré que M. Poutine avait pris ses critiques "en considération".
Depuis plusieurs jours, le Kremlin et le ministère russe de la Défense multiplient les annonces d'une aide militaire apportée à ceux que les avions russes bombardaient jusque là.
"Nous soutenons avec des frappes leurs efforts (de l'opposition, ndlr) dans la lutte contre l'EI tout comme nous soutenons ceux de l'armée syrienne", a ainsi déclaré M. Poutine lors de sa conférence de presse annuelle.
Le ministère de la Défense avait déjà assuré mardi que l'armée russe coordonnait son action en Syrie avec une force de 5.000 hommes répartis dans 150 groupes de l?"opposition modérée et patriotique" combattant aux côtés de l'armée d?Assad.
Les militaires russes évoquent notamment des composantes de l'Armée syrienne libre (ASL), le principal groupe armé modéré en Syrie, ainsi que ce qui semble être une coalition de forces arabes et kurdes combattant les jihadistes dans le nord-est du pays.
Mercredi, la Coalition de l'opposition syrienne, principale formation d'opposants en exil, a réfuté toute aide militaire de la Russie à l'ASL, qui combat l'armée d'Assad. En revanche, elle a accusé les Kurdes de coopérer avec l'armée russe.
Moscou a dit à plusieurs reprises être prêt à établir des contacts avec l'Armée syrienne libre afin de coordonner leurs actions et trouver une issue politique au conflit, tout en ironisant sur son existence réelle ou celle de ses chefs.
- Rapprochement des positions -
Le dossier syrien revient à la table des discussions vendredi à New York lors d'une réunion cruciale qui s'inscrit dans le processus dit de Vienne, par lequel 17 pays, y compris la Russie et l'Iran, étaient tombés d'accord le 14 novembre sur une feuille de route politique pour la Syrie.
La feuille de route prévoit une rencontre à compter du 1er janvier entre représentants de l'opposition et du régime en Syrie, un gouvernement de transition dans les six mois, et des élections dans les 18 mois.
Washington et Moscou cherchent à rapprocher leurs positions mais s'opposent toujours sur le sort de Bachar al-Assad et sur les groupes devant être considérés comme "terroristes" et ceux pouvant participer au processus politique en tant qu'opposition "modérée".
"Avons-nous un plan (pour le règlement du conflit)? Nous l'avons (). Dans ses principaux aspects, il concorde avec celui avancé par les Américains, aussi surprenant que cela puisse paraître", a lancé M. Poutine.
Si le président russe répète que le destin de Bachar al-Assad doit être décidé par les Syriens seuls, il a appelé le régime de Damas à accepter ce qui sera décidé à l'ONU, "même si cela peut ne pas leur plaire".
"Des concessions doivent être faites des deux côtés", a-t-il souligné, appelant de ses voeux un mécanisme "transparent" qui aidera les Syriens à organiser un scrutin démocratique pour élire leur dirigeant.
Dimanche, le ministre français de la Défense, Jean-Yves Le Drian, doit arriver à Moscou pour parler de "coordination" avec la Russie dans la lutte contre l'EI en Syrie, une coopération évoquée après les attentats de Paris par François Hollande mais jusque là restée très largement symbolique.
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