En s'attachant à tenir un discours mesuré, la Réserve fédérale américaine (Fed), qui a pris mercredi une décision historique mais largement attendue en relevant des taux presque nuls depuis 2008, a dopé les places financières sans faire de vagues sur les changes.
Après des mois de spéculations, le Comité de politique monétaire de la Fed (FOMC) a annoncé, à l'issue d'une réunion de deux jours, la première hausse depuis près de dix ans de ses taux, une étape importante vers la normalisation de sa politique monétaire.
Dernières à ouvrir depuis cette annonce, les Bourses européennes ont salué la décision de la Fed: le CAC 40 à Paris gagnait 2,26% dans les premiers échanges, le Dax à Francfort 2,06% et le FTSE-100 à Londres 1,59%.
En Asie, Tokyo a évolué sur la même note, les indices Nikkei et Topix affichant en clôture un gain de 1,6% après avoir déjà fortement augmenté la veille par anticipation.
Les places de Shanghai et Hong Kong ont également fini dans le vert, terminant respectivement sur un bond de 1,81% et de 0,79%.
La Bourse de New York avait ouvert le bal mercredi soir, le Dow Jones Industrial Average progressant de 1,28%, le Nasdaq, à dominante technologique, de 1,52% et le S&P 500, un indice élargi très suivi par les investisseurs, de 1,45%.
Les places financières latino-américaines ont réagi dans l'ensemble positivement notamment Mexico qui a gagné 1,22%. Seule la Bourse de Buenos Aires a fini dans le rouge (-2,20%), succombant à l'annonce par le nouveau gouvernement de la fin des mesures de contrôle des changes mises en place en 2011.
"Les marchés étaient prêts à monter dès la décision de la Fed, du moment qu'ils n'aient pas de mauvaise surprise", a jugé Michael James, de Wedbush Securities.
- Discours accommodant -
Non seulement ils avaient déjà largement pris en compte cette décision mais, comme beaucoup d'observateurs s'y attendaient, la banque centrale a pris un ton attentiste dans son communiqué, en mettant l'accent sur l'aspect "graduel" de ses futures actions.
La présidente de la Fed, Janet Yellen, a par la suite confirmé cette prudence en prévenant, lors d'une conférence de presse, qu'il ne fallait pas "surestimer" la signification de cette première mesure, et en s'engageant à ce que la politique monétaire américaine reste accommodante.
Les responsables de la Fed "ont eu tellement de peine à arriver à remonter les taux que la dernière chose qu'ils voulaient c'était faire peur", a estimé Gregori Volokhine, de Meeschaert Financial Services.
Le marché de la dette a accueilli jeudi matin par une légère détente la décision de la banque centrale américaine.
Peu avant 09H00 (08H00 GMT), le taux d'emprunt à 10 ans de l'Allemagne reculait à 0,648% contre 0,678% mercredi à la clôture sur le marché secondaire, où s'échange la dette déjà émise. Le rendement de même maturité de la France baissait aussi à 0,978%, tout comme celui de l'Espagne à 1,733% et celui de l'Italie à 1,663%.
En dehors de la zone euro, le taux britannique était stable à 1,946%.
Aux États-Unis, le taux d'emprunt à 10 ans baissait à 2,252% contre 2,296%, tout comme celui à 30 ans à 2,958% contre 3,004%. Le taux à deux ans bougeait peu à 1,005% contre 1,003%.
- Regain modéré du dollar -
Le ton plutôt attentiste adopté par la Fed a été de nature à freiner l'essor du dollar qui devrait a priori nettement profiter de la hausse des taux d'intérêt américains. Vers 09H00 GMT, l'euro valait 1,0868 dollar, contre 1,0930 dollar mercredi vers 22H00 GMT.
Face à la devise japonaise, le billet vert montait très légèrement à 122,40 yens contre 122,26 yens mercredi soir.
Les mouvements du dollar étaient aussi modestes envers les devises des pays émergents, pourtant théoriquement très vulnérables à un resserrement de politique de la Fed. Peu après l'annonce, il a ralenti sa hausse par rapport au réal brésilien et a reculé face à son homologue mexicain.
En Asie, la monnaie américaine prenait 0,50% face au dollar de Singapour, 0,39% face au won sud-coréen et montait aussi envers le ringgit de Malaisie et le bath thaïlandais.
In fine, la réaction des marchés reste mesurée comparé aux mouvements observés après les annonces de la Banque centrale européenne (BCE) début décembre: les Bourses avaient alors chuté et l'euro avait bondi. La BCE prend une voie opposée à la Fed en renforçant son soutien à l'économie mais ne l'a pas fait de façon assez marquée pour satisfaire des cambistes aux attentes très élevées.
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