En s'attachant à tenir un discours mesuré, la Réserve fédérale (Fed), qui a pris mercredi une décision historique mais largement attendue en relevant des taux presque nuls depuis 2008, a dopé les places financières sans faire de vagues sur les changes.
taux Après des mois de spéculations, le Comité de politique monétaire de la Fed (FOMC) a annoncé, à l'issue d'une réunion de deux jours, la première hausse depuis dix ans de ses taux, une étape importante vers la normalisation de sa politique monétaire.
Pour autant, la Bourse de New York ne s'est pas affolée: l'indice vedette Dow Jones Industrial Average a progressé de 1,28%, à 17.749,09 points.
Le Nasdaq, à dominante technologique, a pris 1,52%, à 5.071,13 points, et le S&P 500, un indice élargi très suivi par les investisseurs, 1,45%, à 2.073,07 points.
Tokyo a évolué sur la même note. A la clôture jeudi, les indices Nikkei et Topix ont affiché un gain de 1,6%, le premier prenant ainsi plus de 300 points à 19.353,56 points, après avoir déjà fortement augmenté la veille par anticipation.
Même optimisme à l'ouverture des Bourses en Europe: le CAC 40 à Paris gagnait 2,26%, le Dax à Francfort 2,06% et le FTSE-100 à Londres 1,59%.
"Les marchés étaient prêts à monter dès la décision de la Fed, du moment qu'ils n'aient pas de mauvaise surprise", a jugé Michael James, de Wedbush Securities.
présidente Non seulement ils avaient déjà largement pris en compte cette décision mais, comme beaucoup d'observateurs s'y attendaient, la banque centrale a pris un ton attentiste dans son communiqué, en mettant l'accent sur l'aspect "graduel" de ses futures actions.
La présidente de la Fed, Janet Yellen, a par la suite confirmé cette prudence en prévenant lors d'une conférence de presse qu'il ne fallait pas "surestimer" la signification de cette première mesure, et en s'engageant à ce que la politique monétaire américaine reste accommodante.
Les responsables de la Fed "ont eu tellement de peine à arriver à remonter les taux que la dernière chose qu'ils voulaient c'était de faire peur", a estimé Gregori Volokhine, de Meeschaert Financial Services.
- Regain modéré du dollar -
Les Bourses latino-américaines ont réagi plutôt positivement mercredi: Sao Paulo a progressé de 0,32%, Mexico de 1,22%, Santiago de 1,38% mais Buenos Aires a perdu 2,20%, alors que le nouveau gouvernement a annoncé la fin des mesures de contrôle des changes mises en place en 2011.
En Asie, outre Tokyo, les places de Shanghai et Hong Kong ont fini dans le vert: +0,79% à Hong Kong, +1,81% à Shanghai.
Le marché obligataire américain se maintenait de son côté en baisse, comme avant le communiqué de la Fed, le rendement des bons du Trésor à dix ans montant à 2,297% contre 2,269% mardi soir, et celui des bons à 30 ans à 3,005% contre 2,993% précédemment.
Signe que les investisseurs prenaient autant en compte le manque d'empressement affiché par la Fed que la hausse des taux en elle-même, le billet vert, qui devrait a priori nettement profiter de la hausse des taux, ne se renforçait qu'un peu face à l'euro, à 1,0865 dollar vers 08H00 GMT contre 1,0930 dollar la veille vers 22H00, et face à la devise japonaise, à 122,38 yens pour un dollar contre 121,85.
Les mouvements du billet vert étaient aussi modestes envers les devises des pays émergents, pourtant théoriquement très vulnérables à un resserrement de politique de la Fed. Peu après l'annonce, il a ralenti sa hausse par rapport au réal brésilien et a reculé face à son homologue mexicain.
En Asie, la monnaie américaine prenait 0,50% face au dollar de Singapour, 0,39% face au won sud-coréen et montait aussi envers le ringgit de Malaisie et le bath thaïlandais.
In fine, la réaction des marchés reste mesurée comparé aux mouvements observés après les annonces de la Banque centrale européenne (BCE) début décembre: les Bourses avaient alors chuté et l'euro avait bondi. La BCE prend une voie opposée à la Fed en renforçant son soutien à l'économie, mais ne l'a pas fait de façon assez marquée pour satisfaire des cambistes aux attentes très élevées.
Surtout sensibles à l'annonce d'une hausse hebdomadaire des stocks américains, qui témoigne de la surabondance de toutes les catégories de produits pétroliers, les prix de l'or noir ont quant à eux lourdement rechuté et ont ainsi mis fin à leur tentative de rebond du début de la semaine.
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