Le Congrès américain va durcir dans les prochains jours le programme d'exemption de visas dont bénéficient 38 pays riches, dont 30 en Europe, afin d'obliger certains voyageurs liés à la Syrie ou d'autres pays à obtenir un visa avant leur voyage.
Dans un dossier distinct, l'administration américaine a annoncé que les services de l'immigration consultaient depuis le début de l'année les comptes sur les réseaux sociaux de certains voyageurs avant de leur accorder un visa.
La réforme des exemptions de visas est l'une des réponses des parlementaires aux attentats de Paris, dont certains des auteurs français et belges auraient potentiellement pu prendre l'avion pour New York sans être repérés. Les élus estiment qu'une procédure de visa, avec un entretien avec un agent consulaire et la prise d'empreintes digitales et d'une photo, permettra de bloquer toute infiltration.
Les efforts de la diplomatie européenne ont échoué et l'ambassadeur de l'Union européenne à Washington parle d'une loi "discriminatoire" et sans effet sur la sécurité.
Déjà adoptée par la Chambre des représentants à majorité républicaine, la mesure a été intégrée au grand compromis budgétaire de fin d'année dévoilé mercredi, qui sera adopté dans les prochains jours par les deux chambres du Congrès.
Concrètement, les ressortissants des 38 pays membres remplissant l'une des deux conditions suivantes ne pourront plus prendre l'avion vers les Etats-Unis sans avoir obtenu préalablement un visa auprès d'un consulat américain:
- ceux qui ont la double nationalité entre l'un de ces 38 pays et l'Irak, la Syrie, l'Iran, le Soudan ou d'autres pays désignés à risque par l'administration américaine (par exemple, un Franco-Syrien);
- ceux qui se sont rendus dans ces quatre pays depuis mars 2011, avec pour seule exception les militaires et les diplomates (par exemple, un homme d'affaires ou un humanitaire français qui serait allé en Irak).
- Réseaux sociaux -
Ces voyageurs ne seront pas empêchés a priori de venir aux Etats-Unis, mais il leur faudra prendre rendez-vous dans un consulat pour obtenir un visa, comme les citoyens des autres pays non privilégiés, Chinois, Brésiliens ou Polonais.
Aujourd'hui, environ 20 millions de personnes viennent chaque année sans visa aux Etats-Unis pour des séjours de moins de 90 jours, dont quelque 13 millions d'Européens, avec pour seule formalité le formulaire en ligne Esta.
Ni l'UE ni les autorités américaines n'ont d'estimation sur le nombre de voyageurs potentiellement affectés.
L'ambassadeur de l'UE à Washington, David O'Sullivan, a menacé les Etats-Unis de représailles, car le programme est fondé sur la réciprocité. Il a prévenu que l'UE reviendrait à la charge pour que les cinq Etats membres qui ne bénéficient pas de l'exemption soient intégrés, une revendication de longue date.
"Cette législation est excessivement automatique et rigide", affirme l'ambassadeur à l'AFP. "Etant donné qu'elle crée un traitement discriminatoire, elle sera prise en compte lors du réexamen qui aura lieu en avril" dans les instances européennes.
La Commission européenne doit en effet engager à partir d'avril 2016 une réévaluation de la réciprocité accordée aux Européens par les pays partenaires du programme.
En attendant, David O'Sullivan va plaider pour introduire le maximum de flexibilité dans l'application de la loi auprès de l'administration américaine.
L'autre annonce sur les visas et les réseaux sociaux, faite mercredi par le secrétaire à la Sécurité intérieure Jeh Johnson, vise à rassurer le public après la découverte que Tashfeen Malik et Syed Farook, le couple auteur de l'attentat de San Bernardino, avaient discuté en ligne de jihad avant l'arrivée de la Pakistanaise aux Etats-Unis en 2014.
Il s'agissait de "messages directs privés", a précisé le directeur du FBI, James Comey.
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