C'est la fin du contrôle des changes en Argentine, un casse-tête pour les entreprises désirant importer et les particuliers souhaitant épargner dans une monnaie stable : le nouveau gouvernement de Mauricio Macri a annoncé mercredi la levée de cette mesure introduite en 2011.
C'était une promesse de campagne du président Mauricio Macri, un libéral de centre-droit, qui a succédé le 10 décembre à Cristina Kirchner, au pouvoir depuis 2007.
"Nous allons faire ce que nous avons dit que nous allions faire durant la campagne : normaliser l'économie", a déclaré le ministre argentin du Budget et des Finances, Alfonso Prat-Gay.
Cette décision, permettant le rétablissement d'un taux de change libre entre le dollar et le peso argentin, devrait entraîner une dévaluation du peso argentin, a reconnu le ministre. Le gouvernement précédent soutenait la monnaie argentine.
L'ancienne présidente avait imposé un contrôle des changes en 2011, afin de freiner une fuite des devises affaiblissant les réserves de la Banque centrale de la république argentine (BCRA).
"Nous sommes heureux de pouvoir annoncer la fin du contrôle des changes", a dit le ministre.
Ayant perdu confiance dans le système bancaire en raison de l'inflation récurrente et du gel de leurs comptes en dollars pendant la crise économique de 2001, les Argentins cherchaient à épargner en dollars à l'étranger ou à se procurer des billets verts pour les échanger au marché noir.
Depuis 2011, le contrôle des changes a provoqué l'émergence d'un taux de change parallèle. Le dollar vaut près de 10 pesos au taux officiel, mais près de 15 pesos, soit 50% de plus, au marché parallèle.
Le nouveau président Macri, à la tête de la 3e économie d'Amérique latine, au ralenti après une décennie de forte croissante, a supprimé lundi les taxes sur les exportations de céréales, réduit celle pesant sur les ventes de soja. Une taxe sur les exportations industrielles a également été éliminée.
- Soulagement -
Le contrôle des changes obligeait les particuliers voyageant à l'étranger à acheter des devises au marché noir. Les entreprises étaient limitées dans leurs importations, par exemple pour des pièces détachées dans le secteur automobile, la machinerie industrielle, le matériel médical ou électronique. Jusqu'ici, les biens importés étaient ensuite lourdement taxés par le pays sud-américain.
L'objectif pour le nouveau gouvernement est de relancer les exportations et d'afficher des mesures rassurantes pour attirer des investissements étrangers, afin de renflouer les réserves monétaires de devises, passées de 30 à 25 milliards de dollars en quelques mois.
Les analystes estiment que pour lever les craintes sur le dollar, le gouvernement argentin devra constituer un matelas de réserves de 10 milliards de dollars pour lui permettre d'intervenir sur les marchés et contrôler ainsi les variations du dollar.
Cette nouvelle mesure du gouvernement entrera en vigueur alors que l'économie du pays est en panne, avec une inflation supérieure à 25% cette année, selon les analystes. Pour 2016, une inflation supérieure à 35% est attendue en cas de dévaluation du peso argentin, ce qui semble inéluctable, la correction du taux de change faisant généralement bondir les prix.
Durant sa campagne, le président Macri a également promis plus d'orthodoxie économique, après la gestion de Nestor et Cristina Kirchner, qui se sont éloignés des institutions financières internationales.
Parmi les décisions symboliques prises depuis le 10 décembre, l'Argentine s'est engagée à communiquer ses statistiques de manière transparente et fiable, après des années de manipulations de ses indicateurs économiques, qui minimisaient notamment l'inflation.
L'économiste Federico Sturzenegger, diplômé du MIT et ancien professeur d'économie à l'Université de Californie (UCLA) aux Etats-Unis, a été nommé lundi à la présidence de la Banque Centrale Argentine (BCRA).
Dès les premiers jours, le ministre du Budget et des Finances, Alfonso Prat-Gay, a assuré que des émissaires argentins se rendraient à New York pour reprendre le dialogue et trouver une issue négociée au conflit opposant depuis 10 ans Buenos Aires et des fonds "vautours", ayant systématiquement refusé toute restructuration de dette, acceptée par 93% des créanciers.
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