Deux ans après une polémique au sujet de la retraite chapeau de son ancien patron, PSA Peugeot Citroën a annoncé mercredi une réforme de ce dispositif pour ses dirigeants, escomptant une économie de 34 millions d'euros dès l'exercice 2015, qui sera reversée aux salariés.
Des syndicats ont salué cette décision qu'ils réclamaient pour certains de longue date.
"Sur proposition du président du directoire [Carlos Tavares], le conseil de surveillance de PSA Peugeot Citroën a validé le principe de mettre fin au régime de retraite supplémentaire à prestations définies dont bénéficiaient les dirigeants mandataires sociaux et les membres du comité exécutif du groupe", a détaillé le groupe automobile dans un communiqué.
De même source, "un nouveau système de retraite à cotisations définies est mis en place; ainsi l'entreprise ne garantira plus un certain niveau de retraite, mais versera un montant annuel directement lié aux résultats du groupe et à sa performance".
"Ce nouveau dispositif générera une économie de 34 millions d'euros dans les comptes 2015 de PSA Peugeot Citroën, nette du coût de passage d'un dispositif à l'autre. Il sera par la suite moins coûteux pour le groupe; à titre d'exemple, la charge pour le président du directoire sera divisée par plus de trois", a fait valoir la société.
Après avoir frôlé la faillite en 2014, PSA a annoncé fin juillet avoir renoué avec les bénéfices au premier semestre 2015 avec un résultat net de 571 millions d'euros.
"Le directoire a décidé de redistribuer à l'ensemble des salariés les économies" réalisées via la réforme des retraites chapeau et cette redistribution s'effectuera "en complément des dispositifs actuels de rémunération et d'association aux résultats du groupe", a encore précisé PSA.
- L'influence de Louis Gallois? -
"Avec le président du directoire, nous étions convaincus qu'il était nécessaire de faire évoluer le régime de retraite supplémentaire dans l'environnement actuel", a affirmé le président du conseil de surveillance de PSA, Louis Gallois, cité dans le communiqué.
PSA a indiqué que ces dispositions seraient soumises aux votes des actionnaires lors de la prochaine assemblée générale en avril.
Les syndicats ont réagi positivement, évaluant à quelque 400 euros la prime par salarié. Le délégué CFTC Franck Don a salué cette redistribution, "une excellente initiative", en rappelant "tout l'investissement (des salariés) ces dernières années" dans le redressement de l'entreprise.
"On se doute de l'influence de Louis Gallois dans cette décision", a-t-il déclaré à l'AFP, soulignant que le président du Conseil de surveillance avait "la fibre sociale".
Pour la CFE-CGC, qui a appelé au versement "sans délai" de la prime, "PSA fait un pas vers de meilleures pratiques".
La CGT a souligné qu'elle réclamait "depuis des années l'abolition totale de toutes les retraites chapeau, un système scandaleux". Mais elle appelle l'entreprise à pas profiter d'un "effet d'annonce pour mettre sous le tapis le sujet des salaires, qui sont bloqués depuis mars 2012".
"On est pratiquement en phase d'être entendu, alors que je le réclamais depuis 2013", a pour sa part réagi auprès de l'AFP Christian Lafaye, délégué central FO, dont le syndicat a affirmé dans un tract que leur "action tenace rapportait aujourd'hui un pactole de plusieurs millions d'euros".
Cette réforme intervient en effet alors que PSA a été mêlé à des polémiques ces dernières années au sujet de ces retraites "sur-complémentaires" financées uniquement par l'entreprise.
Fin 2013, en partance du groupe alors en grande difficulté, le prédécesseur de M. Tavares, Philippe Varin, avait dit qu'il renonçait aux 21 millions d'euros prévus pour sa "retraite chapeau", face à une avalanche de critiques.
Il avait néanmoins fini par toucher une retraite chapeau de quasiment 300.000 euros par an, selon les révélations début mai 2015 du site Deontofi.com.
En juillet, l'hebdomadaire Le Point avait affirmé que Robert Peugeot, l'un des chefs de file de la dynastie automobile, touchait une "retraite chapeau" de PSA après avoir bénéficié d'un "tour de passe-passe" car il avait formellement quitté l'entreprise où il avait fait toute sa carrière avant d'avoir atteint l'âge de la retraite. Un de ses proches avait affirmé à l'AFP que cette retraite de 155.000 euros par an ne soulevait "aucun problème d'illégalité".
L'Etat français et le groupe chinois Dongfeng sont venus à la rescousse de PSA début 2014 et en détiennent aujourd'hui 14% des parts chacun.
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