Quatre jours après avoir annoncé un partenariat avec la plateforme d'hébergement chez l'habitant Airbnb, une filiale de la SNCF a arrêté mardi les frais d'une opération qui avait suscité de vives critiques chez des hôteliers, un recul "scandaleux" selon Airbnb.
"Face à l'incompréhension créée par la promotion ponctuelle de Voyages-sncf.com avec Airbnb, Voyages-sncf.com a décidé d'arrêter l'opération en cours", annonce son site internet.
Voyages-sncf.com affirme en outre vouloir "prendre le temps du dialogue avec l'ensemble des professionnels de l'hôtellerie afin d'analyser les conditions dans lesquelles les nouveaux modèles d'économie collaborative peuvent contribuer à la relance du tourisme en France".
"Je suis extrêmement surpris, je trouve ça assez scandaleux", a réagi Nicolas Ferrary, directeur d'Airbnb France, sur Europe 1, écartant l'argument de dumping fiscal utilisé par l'hôtellerie traditionnelle.
"Que quelques lobbys hôteliers utilisent cette excuse pour taper sur de nouveaux modèles comme Airbnb est scandaleux", a poursuivi Nicolas Ferrary.
"On paie les impôts que l'on doit payer en France", a-t-il assuré, refusant de confirmer un chiffre d'affaires en France de cinq millions d'euros.
"En moyenne un hôte Airbnb paie 25% d'impôts sur ce qu'il gagne", soit plus qu'un hôtelier, a-t-il avancé citant "une étude indépendante", sans entrer dans le détail des impôts et des charges payés par la plate-forme elle-même.
L'hôtellerie traditionnelle se montrait prudente après l'annonce de la SNCF. "Nous leur demandons d'arrêter définitivement ce partenariat inacceptable", a déclaré à l'AFP Roland Héguy, président de l'Umih, principale organisation patronale de l'hôtellerie-restauration.
Voyages-sncf.com avait annoncé vendredi qu'il allait tester un partenariat avec Airbnb mais aussi Ouicar (location de voiture entre particuliers) ainsi qu'avec Kidygo, qui propose de faire accompagner les enfants non accompagnés par un voyageur, en échange du paiement de son billet de train.
"Avec 7 millions de visiteurs uniques par mois, voyages-sncf.com est un carrefour d'audience important, un atout pour ces acteurs de l'économie collaborative qui cherchent à augmenter leurs communautés", avait alors assuré voyages-sncf.com, qui proposait à ses clients de louer leur logement vide "pour financer (leur) voyage".
Mais cette annonce avait provoqué une vive réaction des syndicats hôteliers.
Lundi, ces organisations s'étaient dit "choqués et en colère", dénonçant un partenariat entre une "entreprise publique subventionnée par l'Etat" et une "multinationale destructrice d'emplois", qui "ne respecte pas les règles fiscales" françaises.
Voyages-sncf.com avait promis mardi matin de "rencontrer au plus vite les représentants de la profession hôtelière" pour "continuer à renforcer leur collaboration".
- Rendez-vous le 13 janvier -
Cette rencontre a de fait eu lieu dès mardi, selon Didier Chenet, président du syndicat hôtelier GNI-Synhorcat.
"Nous sommes très satisfaits de cette décision car la morale l'a emporté", a-t-il indiqué à l'AFP.
"Et après un rendez-vous ce jour (mardi) avec la SNCF, nous (sommes) convenus que la profession entière les rencontrent 13 janvier, afin de voir comment on peut travailler ensemble", a-t-il précisé.
Pour lui, "il s'agirait de travailler ensemble sur les destinations de l'Hexagone, afin de faire revenir les touristes dans notre pays après les attentats par exemple".
L'Association pour un hébergement et un tourisme professionnels (Ahtop), qui affirme fédérer 30.000 professionnels du secteur touristique, a également salué la décision de la SNCF, "suite aux arguments convaincants présentés par l'hôtellerie française réunie, fédérée et soudée".
Les politiques s'en étaient mêlés, le chef des députés socialistes Bruno Le Roux s'affirmant, avant l'arrêt annoncé par la SNCF, "très réservé" quant au partenariat avec Airbnb. "On peut se diversifier en faisant attention à ne pas mettre à mal les équilibres économiques de nos territoires", avait-il plaidé mardi matin sur Sud Radio et Public Sénat.
Airbnb, fondée en 2008 à San Francisco, a connu une forte croissance au point d'atteindre une valorisation de plus de 25 milliards de dollars cette année. Mais la start-up s'est heurtée aux hôteliers qui l'accusent de concurrence déloyale, et aux autorités de régulation notamment en Europe.
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