Claude Hermant, un proche des milieux d'extrême droite déjà incarcéré dans une affaire de trafic d'armes, a été placé en garde à vue mardi, avec sa compagne, dans l'enquête sur les attentats de janvier à Paris.
Les enquêteurs interrogent le couple car des armes découvertes dans l'arsenal d'Amédy Coulibaly, le tueur de Montrouge et de l'Hyper Cacher, avaient été transformées en Slovaquie, puis revendues à l'une des sociétés gérées par la compagne de Claude Hermant, a expliqué à l'AFP une source proche de l'enquête.
Il s'agit d'un fusil d'assaut et de quatre pistolets semi-automatiques Tokarev retrouvés dans le supermarché casher, théâtre d'une prise d'otages meurtrière le 9 janvier, et dans l'appartement occupé par Amédy Coulibaly à Gentilly (Val-de-Marne), où il semble avoir préparé ses attaques.
Les enquêteurs cherchent à savoir quel a été le rôle exact de Claude Hermant dans la fourniture des armes. Sept hommes sont déjà mis en examen, dont six en détention provisoire, soupçonnés d'avoir apporté une aide logistique, en armes et véhicules, à Amédy Coulibaly. Tous nient avoir eu connaissance de ses projets d'attentats, expliquant avoir agi par appât du gain ou à cause de la peur que leur inspirait Coulibaly, réputé violent. De fait, aucun d'eux n'est mis en examen pour une complicité directe.
Les gardes à vue de Claude Hermant et de sa compagne, entendus dans les locaux de la sous-direction antiterroriste (SDAT) à Levallois-Perret (Hauts-de-Seine), peuvent durer 96 heures.
Sollicité par l'AFP, l'avocat de Claude Hermant n'a pas souhaité s'exprimer dans l'immédiat.
L'homme, âgé de 52 ans, n'est pas un inconnu de la justice. Il a été mis en examen et placé en détention provisoire fin janvier à Lille, dans un dossier distinct de trafic d'armes en provenance de la Slovaquie, où apparaît déjà la société de sa compagne.
Dans une pièce transmise aux juges antiterroristes, les magistrats lillois ont cependant indiqué qu'"aucun rapprochement" n'avait été effectué avec Amédy Coulibaly dans leur enquête, selon une source proche du dossier.
- Indic et employé d'une friterie -
Claude Hermant, ex-champion de boxe thaï, a un passé trouble. Dans l'une des auditions du dossier lillois, cet ancien parachutiste dit s'être porté volontaire comme instructeur dans une légion croate pendant la guerre en ex-Yougoslavie, raconte une source proche du dossier. Présenté comme un ancien barbouze par les services de renseignement, il affirme aussi avoir effectué des missions pour le compte de la DGSE en République démocratique du Congo et en Angola dans les années 1990.
En France, l'homme, proche des milieux d'extrême droite du nord de la France, a été membre du département protection et sécurité (DPS) du Front national de 1994 à 2000.
Avant son interpellation fin janvier, il travaillait dans une friterie tenue par sa compagne à Lille et était aussi veilleur de nuit dans un centre médico-pédagogique de la région.
Pour se défendre, Claude Hermant a assuré aux enquêteurs lillois "être un informateur de la gendarmerie et des douanes dans des affaires de trafic d'armes et de stupéfiants", selon une source proche de l'enquête. D'après ses dires, "sa compagne achetait des armes. Il s'en servait ensuite comme des appâts pour infiltrer certains milieux", a ajouté la source.
Dix-sept personnes avaient été tuées les 7, 8 et 9 janvier par les frères Kouachi à Charlie Hebdo et par Amédy Coulibaly à Montrouge et à l'Hyper Cacher.
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