Un cessez-le-feu devrait entrer en vigueur au Yémen mardi matin, quelques heures avant des pourparlers de paix sous l'égide de l'ONU à Genève où les belligérants vont tenter de mettre fin à la guerre déchirant le pays depuis 9 mois.
Au vu des échecs passés, tous les experts restent prudents quant à l'issue de ces pourparlers entre les rebelles chiites Houthis, soutenus par l'Iran, qui sont en guerre contre les forces loyales au président yéménite Abd Rabbo Mansour Hadi, appuyées militairement par une coalition de pays arabes sunnites dirigée par l'Arabie saoudite.
Initialement prévu pour lundi minuit (21H00 GMT), le cessez-le-feu commencera mardi à 09H00 GMT, sur demande du président Hadi, a indiqué dans un communiqué la coalition arabe sous commandement saoudien cité par l'agence officielle Spa.
La coalition a toutefois prévenu qu'elle se "réservait le droit de riposter en cas de violation" de la trêve par les Houthis.
Selon le communiqué, M. Hadi a écrit au roi Salmane d'Arabie saoudite pour l'informer de la décision du gouvernement yéménite de "proclamer un cessez-le-feu de sept jours". La trêve sera "renouvelable automatiquement si l'autre partie (les Houthis et leurs alliés) la respecte", a poursuivi M. Hadi.
Sur le terrain, deux chefs militaires de la coalition, un Saoudien et un Emirati, ont été tués lundi dans une attaque au missile lancée contre leur position par les rebelles près du détroit de Bab al-Mandeb, à l'entrée de la mer Rouge.
Des accrochages au mortier et à la roquette Katioucha ont également opposé par intermittence loyalistes et rebelles dans la province de Taëz (sud-ouest), selon des sources militaires et des témoins.
De précédentes tentatives de négociations et de cessez-le-feu ont échoué au Yémen, où la guerre a fait depuis mars au moins 6.000 morts et 28.000 blessés, dont de nombreux civils, et a directement affecté 80% de la population de ce pays pauvre de la péninsule arabique.
- 'Transition pacifique' -
Issus de la minorité zaïdite (une branche du chiisme), les rebelles Houthis, alliés à de puissantes unités militaires restées fidèles à l'ex-président Ali Abdallah Saleh (au pouvoir de 1990 à 2012, après avoir déjà dirigé le Yémen du Nord de 1978 à 1990), se sont emparés depuis juillet 2014 de larges pans du pays, dont la capitale Sanaa et des provinces du Nord-Ouest, de l'Ouest et du Centre qu'ils contrôlent toujours.
Les forces antirebelles ont reconquis cet été cinq provinces du Sud, dont celle d'Aden, deuxième ville du pays.
Des jihadistes, en particulier du groupe Etat islamique (EI), ont profité du chaos pour avancer leurs pions. Depuis le printemps, l'EI a revendiqué des attaques spectaculaires et meurtrières contre des mosquées chiites, ainsi que des cibles gouvernementales et de la coalition arabe.
Une grande méfiance règne entre gouvernement et rebelles. Le porte-parole des Houthis, Mohammed Abdelsalam, a affirmé samedi: "nous arrêterons (les combats) quand s'arrêtera l'agression contre nous".
De son côté, le chef d'état-major des forces progouvernementales, le général Mohammed Ali al-Maqdishi, a déclaré dimanche que ses troupes "se conformeront aux ordres (du président), bien que l'expérience nous a appris qu'on ne peut pas avoir confiance en la milice putschiste" des Houthis.
Le dialogue interyéménite se tiendra en Suisse loin des caméras, dans un lieu gardé secret. Il est destiné à favoriser "un cessez-le-feu permanent et total, une amélioration de la situation humanitaire et un retour à une transition politique pacifique et ordonnée", a expliqué le médiateur de l'ONU.
Selon une source onusienne, les parties discuteront notamment d'un "plan" de mise en oeuvre progressive de la résolution 2216 du Conseil de sécurité, qui exige le retrait des rebelles et de leurs alliés, mais aussi de milices, des zones conquises depuis 2014, ainsi que la restitution des armes lourdes à l'Etat.
Une chose est sûre: plus d'un an après l'entrée des Houthis dans la capitale yéménite, il n'y a ni vainqueur, ni vaincu.
Les pays arabes qui sont intervenus militairement peinent à s'extirper d'un bourbier de plus en plus exploité par les groupes jihadistes, en particulier à Aden et dans le sud du pays, où Al-Qaïda était déjà bien implanté depuis une bonne décennie.
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